Jean OUMAROU, 31 ans, cultivateur, marié et père de 5 enfants a perdu la vie le 29 janvier dernier, après avoir été percuté par un véhicule militaire quatre jours plus tôt.. Si des cas d’accidents de ce genre sont de plus en plus récurrents sur l’axe 42è BIM – Infirmerie de la Garnison de la même unité, le plus grand regret force à constater que les militaires trop souvent abandonnent leurs victimes sans soins et sans assistance. Le cas des deux lycéennes de Kourgui, percutées par un véhicule de l’armée et abandonnées  15 mois durant à leur triste sort, reste vivant dans nos esprits.

Bien tristes ces images, devrait-on le rappeler,  qui ne sont pas loin de l’expérience, la dernière dans cette vallée de larmes, vécue  par feu Jean OUMAROU. En effet, Suite à notre visite de condoléances rendue à la famille biologique de ce dernier, l’occasion nous a été donnée de rencontrer son pasteur. Le  Révérend Thomas DALDIYE, de l’UEEC[1] , responsable de la zone de Gansé nous dit dans le bref entretien qui suit, ce qui s’est réellement passé ce fatidique 25 janvier dernier.  Décidément, le devoir d’assistance à personne en danger, serait soit ignoré, soit interdit à  nos militaires…Si non, comment interpréter ces scenarii de très mauvais aloi ?

ENTRETIEN

Jean OUMAROU compte parmi vos fidèles les plus actifs…En quelques mots, que peut-on retenir de sa brutale disparition ?

Merci de me donner la parole..Mais voyez-vous, je ne devrais pas faire des commentaires suite au décès de ce fils, ce fidèle d’ailleurs très engagé, disponible et  toujours prêt à servir de manière désintéressée. Il est parti. Seule la prière devrait être la réponse à notre affliction. Cependant, je comprends votre pression et mesure le devoir de me prononcer. Retenez  que le  Mardi 25 Janvier dernier, peu avant 15h, alors qu’il avait remorqué un militaire, il est bousculé en arrière par un véhicule militaire. Il tombe, devient inconscient et sur place est conduit par les mêmes militaires aux Urgences de Médecins Sans Frontières de Mora. Sa situation est assez complexe et sans tarder, il est référé à Maroua, où il décède quatre jours plus tard, autour de  4h du matin.

A quel niveau s’est produit l’accident ?

Non loin de l’entrée du Camp Militaire (42è BIM) de Mora.

Les mêmes militaires qui le conduisent aux urgences à Mora, étaient-ils présents au moment de l’évacuation à Maroua  ?

Non, jusqu’à sa mort, les militaires ne se sont plus jamais présentés.

Revenant à l’accident, à quel(s) niveau(x) physique, le défunt Jean Oumarou a-t-il été touché ?

Une fracture au pied gauche, deux au pied droit, une fissure au niveau de la tête…

Avez-vous l’identité des militaires responsables de l’accident et de celui qu’il remorquait au moment sa chute  ?

Non. Juste après l’accident celui qui s’est fait remorquer a disparu. Par contre, je devine que la Brigade de Gendarmerie de Mora pourrait avoir une idée du véhicule et de son conducteur, puisque la moto du défunt aurait été conduite à la fourrière de ce service.

Avez-vous néanmoins une idée de l’unité d’appartenance du véhicule qui percute votre fidèle ?

J’ai entendu parler de Forces…….Spéciales ????

Tout à l’heure un proche parent du défunt nous apprenait qu’après l’accident, tout ce que le défunt portait sur lui, a disparu….en aviez-vous eu connaissance, si oui, de quoi s’agissait-il ?

J’ai appris comme vous, qu’il était porteur ce jour-là d’une somme de 15.000F, de son portable et de sa Carte Nationale d’Identité…Toutes ces pièces, m’a-t-on dit, ont disparu.

https://psydh.com


[1] Union des Églises Évangéliques du Cameroun