Boukar Modou, habite régulièrement la ville de Bafoussam comme l’attestent les images ci-dessus. Mais il est arrêté à Tolkomary par Mora, 24h après son arrivée de Bafoussam, soit  Deux jours avant la fête de fin de ramadan de l’an 2016. Il a 22 ans au moment de son arrestation.

L ’Extrême-Nord et plus précisément le triangle rouge (Logone et Chari, Mayo-Sava, Mayo-TSANAGA), est le théâtre permanent des arrestations massives  depuis que dure la croisade contre Boko Haram. Il faut souligner que ces opérations choc se déroulent généralement en marge de la légalité. Il suffit d’un brin de soupçon et quelquefois aussi de renseignements avérés, pour qu’untel AMADOU, qu’untel MUSTAPHA soit enlevé et conduit à des destinations inconnues des siens. S’il est établi au fil de nos échanges avec les familles des personnes arrêtées (FAP) que les raisons d’Etat restent suprêmes et pour lesquelles elles ont assez de respect, fort est de regretter à notre niveau que les moyens d’action ou mieux le mécanisme des opérations d’arrestation et de détention (MAD) a  l’air de barbare, de surannée, d’obsolète et d’inadapté à l’ère du temps. Et pour causes ?

  • Ceux qui arrêtent[1] ne dévoilent jamais leur identité encore moins les familles savent-elles ni les destinations empruntées ni les lieux de détention des leurs.
  • Les FAP dans ces conditions sont psychologiquement brisées puisque séparées des leurs auxquels elles ne peuvent apporter le moindre soutien. Et le MAD ne permet même pas d’offrir aux personnes arrêtées, le privilège d’être assistées d’un Avocat.
  • Les allégations de tortures et d’extorsion des aveux qui auraient cours dans ces unités militaires, discréditent les PV et remettent en question la bonne volonté du gouvernement. Les cas de décès qui seraient consécutifs aux tortures au BIR-Kolofata et au PC-Alpha de Mozogo dénoncés par nos soins cette année 2018,  restent des plus troublants.
  • L’opacité qui entoure les procédures maintient les FAP dans une totale ambiguïté puisque des années durant elles vivent dans un espoir béat qui s’alterne avec une incertitude béant de revoir les leurs.
  • Ces FAP auraient souhaité que le gouvernement leur donne au moins la position des leurs. Seraient-ils décédés ou vivants ? Peut-on leur rendre visite, si oui où ? Cela permettrait en cas de décès de « réserver aux disparus des rituels dus » nous apprend une octogénaire concernée. Propos renchéris par un autre parent, ex-employé de la SODECOTON qui souligne qu’au-delà des rituels dus aux morts, les FAP auraient le pouvoir de « libérer les très jeunes ex-épouses devenues veuves » besoin de leur donner  « la possibilité de se remarier (…) ». Et marge de cette approche purement culturelle, il n’est pas anodin de souligner que le silence du gouvernement autour du sort des personnes arrêtées constitue à longue échéance, une source de sérieux troubles psychiques avec d’incalculables retombées sur la santé des FAP. Le phénomène de « crypte au sein du moi », des cas inexpliqués d’épilepsie, de fausses couches, de mort-nés, etc. pouvant frapper à plusieurs niveaux la descendance de ces FAP sont autant de répercussions nuisibles qui peuvent résulter de la gestion trop autoritaire de cette question. Autrement dit, une démarche plus humanisant dans la gestion de cette affaire serait à notre avis plus prometteuse et moins douloureuse pour la suite.

QUE SONT DEVENUES LES PERSONNES ARRÊTÉES ET NOTAMMENT LES 5 CI-DESSOUS ?

NOMS[1] DATE ARRESTATION LIEU OBSERVATION
1.       Boukar  Abba

30 ans

Juillet 2014 Mozogo

 

2.       Adama Oumaté –

30 ans

Juillet 2014 Mozogo

 

3.        

Madi Blama

28 ans

 

Hiver 2015

 

Doubler

Il revenait d’une vente des oignons à Kousseri et portait la somme équivalente à -115 sacs x 22500F-
4.       Boukar  Modou

24 ans

 

Veille de la Célébration de la fête de fin du jeun de Ramadan  2016

 

 

Tolkomari

Il habite Bafoussam ( des preuves palpables existent) et part de là pour fêter avec sa famille à Tolkomari.  Il est arrêté le lendemain de son arrivée.
5.        

Sa Majesté MADI

 

Entre Août et Septembre 2017

 

MEHE

Il est Chef de 3è degré du village MEHE, Canton MEME, Arrondissement de Mora.

[1] Les âges comptent pour l’année en cours

[1] Eléments du B-I-R en grande majorité.

M-K

 

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