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  • 04 présumés membres de Boko Haram sont arrêtés le 08 Septembre dernier : Ce qui ne pose pas problème ;
  • Ils sont soumis depuis lors à la torture du type « Ecartèlement avec simulation de noyade » : Objectifs: Arracher de force des aveux… : Ce que nous fustigeons avec la dernière énergie !
  • Difficile mutation de l’amateurisme au professionnalisme : Ce qui fait le lit des dénonciations calomnieuses devenues quelquefois, le socle des règlements de compte.

Les faits

Il est environ 20h passées le Jeudi 08 Septembre dernier, lorsque M. ABBA[1], domicilié à Bertoua informe M. ALHADJI ABBA KACHIM[2] de ce que, le  Commandant de la BRIGADE TERRITORIALE DE BERTOUA[3] souhaitait interroger son fils KATCHALLA, tailleur âgé de 34 ans et père de deux enfants. ALHADJI ABBA KACHIM qui ne redoute rien, se plie aux vœux du Commandant de la Brigade et accompagne KATCHALLA. Il est environ 22h lorsque le fils et le père se présentent. Tout semble aller dans les meilleurs des cas possibles, jusqu’au moment  KATCHALLA se rend compte qu’il est en état d’arrestation. Et pour causes ? Il est cité par M. ABBA KOURAMA[4] (mécanicien à Bertoua déjà aux arrêts),  comme étant membre de la secte boko haram. Ils sont quatre désormais dans les filets de la Gendarmerie Nationale.

Les manquements

Si nous n’avons rien à reprocher aux gendarmes qui ne font que leur boulot consistant à procéder aux enquêtes selon  les règles de l’art, il reste néanmoins regrettable et humainement inacceptable qu’au su des multiples méthodes d’investigation modernes, notre Gendarmerie soit encore captive des techniques surannées d’extorsion des aveux qui oscillent entre humiliations et tortures. Le sort des quatre arrêtés à Bertoua est déshonorable à plus d’un titre. L’Ecartèlement avec simulation de noyade est la méthode jusqu’à lors utilisée de manière régulière et intense. En quoi consiste-t-elle ?

  • Le présumé adepte de Boko Haram voit ses membres tenus par quatre gendarmes qui les tendent de manière à nous rappeler l’image d’un fakir en pleine lévitation.
  • Après cette étape, le concerné est plongé dans l’eau, en commençant par la tête. Il se trouve qu’à l’issue de cette opération qui dure plusieurs minutes, son corps est complètement mouillé, au moment où la respiration intense tend à déboucher les narines emplies d’eau.
  • Le corps mouillé est désormais sujet aux fouets intensifs. Le présumé terroriste pleure, crie, supplie mais en vain. La seule assurance d’échapper à cette partie de dénégation humaine, est de dire « OUI Chef, je suis membre de Boko haram ».
  • De nos sources, il ressort que cette méthode dégradante est régulièrement pratiquée contre ces quatre présumés Boko Haram. Aussi les journées du 09 et 14 septembre derniers restent-elles des plus mémorables. Deux d’entre-eux se sont presque évanouis sous une avalanche de coups de ceinturon.

Difficile mutation de l’amateurisme au professionnalisme

Que deviennent les fins limiers de l’investigation et du renseignement, lorsqu’on sait leur capacité à quadriller tout le pays et à filer tout suspect ? A-t-on besoin d’ergoter sur une dénonciation fragile dans son essence, au point de buter aux limites de l’amateurisme qui nous contraignent à faire usage de la torture comme moyens d’extorsion des aveux, là où des Professionnels puisqu’ils sont nombreux, préfèrent « pêcher » leurs victimes « la main dans le sac » ?

  • Le bon sens nous rappelle que, si tous les reptiles n’ont pas de venin, il devient normal de reconnaître que tous les fils issus des zones d’influence de Boko haram ne sont pas de fait des militants de ce mouvement. Autant les Mbô ne sont pas tous nés dans le Mungo, autant un Ewondo ou Bassa ne cesse de l’être parce qu’il né à Bafang. l’usage de la torture pour contraindre ceux-ci à passer aux aveux qui corroborent les charges qui pèsent sur eux n’est que preuves de faiblesses des enquêteurs.
  • Lorsque KATCHALLA déclare être parti d’AMCHIDE à l’aube de 2013 avec enfants et épouse pour s’installer à Bertoua afin de sécuriser ses jours, sa complicité avec Boko Haram ne saurait être « établie » sur une simple dénonciation ne reposant sur aucune preuve susceptible d’être encadrée.

Fait le 18 Septembre 2016

Emmanuel  MOMO-KENNE

[1] Fils du département du Mayo-Sava(Mora)

[2] Fils du département du Mayo-Sava(Mora)

[3] Située à côté de la Communauté Urbaine, face Pharmacie.

[4] Nigérian d’origine, qui serait en possession du CNI Camerounaise et qui aurait avoué au cours des séances de tortures, être militant de Boko Haram.