Et si ce département ministériel était accusé de perfidie et de félonie ?

DÉPLORABLE QUE D’ÊTRE ENSEIGNANT AU CAMEROUN !

           Alfred MAÏDOKI[1] est un octogénaire qui a tout sacrifié pour la cause de la jeunesse. Premier de son Centre à l’examen du CEPE[2] brillamment obtenu avant notre indépendance, le jeune Alfred d’alors rêve de poursuivre ses études secondaires. Mais il doit faire face à un environnement socioculturel hostile à tout montagnard du Plateau de l’Adamaoua (ndlr :Il est issu de la minorité ethnique DII). Il laisse passer plusieurs offres « peu valorisantes » et opte pour  l’enseignement. Recruté dans l’administration du jeune État autonome en 1959, il prendra sa retraite pour compter du 1er Janvier 1994. Soit 34 ans, 01 mois, 08 jours sans interruption de Service. Le patriarche MAÏDOKI qui a tout donné pour l’encadrement de la jeunesse, ne réclame rien d’autre que ce qui lui revient de droit…Mais comment comprendre que depuis 26 ans que dure sa retraite, il soit réduit à la débine ? Comment admettre qu’après tant d’années de loyaux Service, Ce parent qui a compté au moins 29.200 levers du soleil, soit resté plus d’un quart de siècle sans pension de retraite, malgré ses démarches restées infructueuses ? Que gagne le Ministère de l’Éducation de Base en maintenant cet orfèvre de la craie, dans cette dèche et indigence qui n’ont pour seule résultante que la dénégation de l’Homme? Qu’inspire cette approche funeste puisque fasciste de gestion des ressources humaines, aux yeux des jeunes Enseignants de l’heure dont le début de carrière est déjà parsemé d’innombrables embûches ? Alfred MAÏDOKI est notre Invité. L’Entretien assez bref qu’il nous accorde dans son village à WACK, arrondissement de Mbe dans l’Adamaoua, et dont l’économie ci-dessous est reproduite, ne nous donne aucune possibilité de décrypter en toute objectivité les origines (s’il y en avait une) de ses déboires. Néanmoins, dans tous les cas de figure et aux risques de nous faire taper sur les doigts, nous présumons sous le prisme des scenarii vécus au quotidien, que le patriarche paye le prix de son inadaptation aux funestes réalités locales qui veuillent qu’il eût cédé au « gombo » ou mieux,  qu’il eût offert des dessous de table à chacune des étapes du traitement de son dossier. Faute de l’avoir fait, le  voici plus d’un quart de siècle après, cloîtré dans l’infinie attente des lendemains toujours lointains, mais devenus incertains. Et si cette réflexion est erronée, alors qu’il plaise aux décideurs de nous contredire en  « levant enfin l’écrou » !


ENTRETIEN

 34 années scolaires avec entre vos doigts craies et stylos, comment expliquez-vous cette apparente misère dans laquelle vous baignez ? Comment prouvez-vous ces années effectives de Service ?

     Je suis engagé dans l’administration Camerounaise le 20 novembre 1959 par Décision  n° 19/DCN. Ma mise à la retraite en Décembre 1993 est matérialisée par des correspondances administratives dont celle signée du Gouverneur Enow Abrams Egbe le 20 juillet 2010 ( Cf. Annexe n° 1). Cela correspond à  409 mois d’assurance, ce qui donne droit automatiquement à une pension de vieillesse. Je ne comprends pas les raisons de mes difficultés.

Au moment où nous préparions cet ENTRETIEN, quelques-uns de nos Confrères ont fait penser que vos 26 ans de déceptions pourraient aussi être dues au fait que tout au long de vos démarches, vous aviez oublié de « motiver » les fonctionnaires chargés de traiter votre dossier ?

Qu’entendez-vous par motiver ?

Offre des pots de vin, des dessous de table ….

(Silence, expiration) Je ne sais pas… D’ailleurs si je l’avais su, où aurais-je pu trouver cet argent ? Sera-ce normal qu’au bout de tous ces sacrifices consentis pour mon pays, je me retrouve entrain de soudoyer des fonctionnaires payés pour servir le public ?

Nous ne l’aurions pas souhaité et cela n’empêche pas de souligner que notre société est gangrenée par ce phénomène. Il n’y a que très peu d’hommes intègres chez nous.

Si faire bouger un dossier dépend du pot de vin, alors c’est donc dire que mon problème ne trouvera pas de solutions. Je n’ai pas d’argent et l’agriculture qui nourrit beaucoup de familles, attire au contraire chez nous que de problèmes et d’insécurité.

Comment expliquez-vous cela ?

Tout ce que nous produisons ici est détruit par des troupeaux de bœufs partis de Ngaoundéré et environs. C’est ici qu’on leur fait paître. Et les plaintes contre ces victimes n’ont jamais eu de suite. En plus de cela, il y a aussi un autre cas qui dérange. De nuit, ces bergers déterrent et emportent les vivres de nos champs,. Quelquefois encore, ils violent nos épouses et filles, agressent et tuent au couteau. 

Le Rapport de votre Test Psychométrique réalisé par notre partenaire[1] et préalable à cet Entretien, renseigne que vous êtes très émotif, avec des risques dans les conditions où vous vous trouvez, de céder aux maux de nerfs assortis de possibles dépressions. Alors quel est l’état des lieux ? Comment vous portez-vous ?

Je suis malade de tout ce que vous dites. Je ressens trop souvent une extrême fatigue même sans efforts. J’ai de plus en plus des crampes, je passe des nuits blanches sans sommeil et des journées de fatigue…Je croyais que cela était dû à mon âge avancé. En plus, j’ai toutes les difficultés à me soigner. Il faut de l’argent pour tout cela


[1] LaVoie  TheWay, Chambre de Psychologie et Coaching du  Développement  Personnel – Email : wayvoie@mail.ru

COMMENTAIRE DE LA REDACTION

Gestion calamiteuse des Ressources Humaines et qualité asthénique de la formation de la jeunesse. Cas de l’Adamaoua.

CONCOURS D’ENTRÉE AUX ENIEG[1] ET  FORMATION DES INSTITUTEURS SANS RÉELLE CONSISTANCE.

        Illustration : De nombreux diplômés de cette École, tout niveau de cycle confondu (BEPC, Probatoire, Baccalauréat) n’ont pas de base en langue française. Ils ignorent tout et confondent tout.

       Démonstration : Un test national d’évaluation de ces Instituteurs en orthographe ou dictée, permettra de toucher du doigt, en moins d’une heure de temps,  la triste réalité qui sous-tend la formation gringalet de la jeunesse Camerounaise. C’est aussi dire que si l’Enseignant est nul, il ne pourrait préparer ses élèves qu’à la médiocrité.

SECURITE  SOCIALE DES ENSEIGNANTS

          Elle n’existe pas et prépare ce dernier à tricher. Les Écoles du  Septentrion sont vides, justement parce que, des enseignants y mutés partent du Cameroun boréal juste après leur formation. Ils n’ont pas de revenu et doivent tenir la craie au moins 05 années scolaires avant d’espérer signer un Contrat. Le  salaire est  minable compte tenu des défis qui lui sont assignés et comparés à ce qui est payé ailleurs dans le même pays. Conséquemment, ces Enseignants se présentent à la rentrée  Scolaire et libèrent le plancher quelques semaines plus tard pour n’y retourner qu’au début de la prochaine année scolaire. Entre-temps, ceux qui les couvrent ne mesurent pas le préjudice subi par les écoliers abandonnés.

DÉFICIT D’ÉMULATION

         Les  Écoles Publiques dans le Septentrion en particulier et au Cameroun  en général, sont devenues la destination des enfants issus des familles démunies. Cette réalité saute à l’œil lorsqu’on se rend compte que des Enseignants de ces Écoles font fréquenter leurs propres enfants dans des Institutions privées.  Comment ne pas regretter qu’un Enseignant ayant servi 34 ans sans interruption, se retrouve-t-il  27 années plus tard que dure sa retraite, sans pension ?  La dénonciation ci-contre jointe de notre partenaire « Observatoire Droits de l’Homme », contredit décidément les discours politiques et prépare sous le prisme de tout ce qui précède, la décadence de notre système éducatif. 


[1] École  Normale des Instituteurs de l’Enseignement Général

[1]

[2] Certificat  d’Études Primaires Élémentaires

http://psydh.com