« IL A PROMIS PUBLIQUEMENT D’ABATTRE CAVAYE YEGUIE DJIBRIL, LE PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE DU CAMEROUN » dit-on !

BOUBA  ISMAYLA BAH, 31 ans, père de famille et domicilié à Sandale, Centre Urbain de Mora[1], est depuis  environ 16h30 ce jour 31 janvier 2013, en détention provisoire à la Prison Principale de Mora. Dans une interview qu’il nous accorde et que nous publions ci-dessous, M. BOUBA  ISMAYLA BAH décrit son chemin de croix après six jours de garde-à-vue à la Brigade Territoriale de Gendarmerie. Il faut retenir de notre univers judiciaire, un labyrinthe confus où manipulation, despotisme et guerre de positionnement se bousculent et se neutralisent quelquefois. Faire arrêter un paisible citoyen qu’on accuse d’avoir publiquement prémédité un crime, le garder-à-vue une semaine durant sans le moins présenter contre lui un témoin à charge, est révélateur d’une autre faiblesse de notre Justice prompte à servir des intérêts du politique. Des exemples abondent dans ce sens, en attendant que le cas « Ismayla » nous révèle le contraire.

Bouba Ismayla Bah avant son arrestation le 25 Janvier 2013

ENTRETIEN 

Que  peut-on retenir des circonstances  de votre arrestation le 25 janvier dernier ?

J’étais à WARBA mon village, où j’ai fait l’objet d’une arrestation par les Commandants de Brigade et de Compagnie de gendarmerie de Mora. A notre arrivée dans la ville de Mora, j’ai été conduit directement à la Brigade territoriale  pour enquêtes.

Que  vous reproche-t-on ?

J’ai appris pendant mon audition que le P.A.N (Président de l’Assemblée Nationale) m’accuse d’avoir publiquement promis de l’assassiner à l’aide d’une arme….

Qu’en savez-vous de cette présomption d’assassinat ?

C’est de la fabulation. J’ai depuis ce jour-là demandé qu’un seul témoin se présente pour un face à face, curieusement, personne n’est  arrivé  tout au long de ma garde-à-vue. J’ai même ouïe dire qu’un témoin, vraisemblablement un Chef de village, aurait fait des déclarations contre moi au niveau du parquet, tout en requérant l’anonymat. J’attends y voir clair….

Pensez-vous qu’un vent de ce genre soit anodin, pour ne pas donner des raisons valables au PAN de douter de sa sécurité ?

Posez-lui la  question. Quant à moi, c’est tout sauf vrai. Je dois néanmoins souligner que cette histoire a circulé plusieurs semaines auparavant au point où, je me sois vu obliger d’en démentir auprès du Sultan, du Maire, du Commissaire Spécial et du représentant du PAN au village. Ma tentative de passer par un juron sur le Coran n’a pas reçu l’assentiment du Sultan.

De votre démenti hier, vous en êtes aux ennuis aujourd’hui ; comment expliquez-vous cela ?

Je ne saurais vous répondre…Soyons raisonnables. Pourquoi voudrais-je le tuer ? Pour quel intérêt ? Un tueur a-t-il besoin d’annoncer publiquement son projet criminel ? Puisque telle est la raison de mon arrestation, pourquoi après une semaine de garde-à-vue, peine-t-on à me présenter un seul témoin soustrait de ce « public » ?

Quel est l’état de vos relations, s’il en existe une ?

Le  PAN n’est pas mon ami. C’est un parent que je respecte et qui se sait respecter par moi. C’est tout !

Etes-vous en odeur de sainteté avec son entourage ?

Si  « entourage » veut dire ses proches parents, je dirais qu’à ma connaissance les rapports sont au beau fixe. Je prendrais pour illustration :

ü l’Inspecteur de Police DJIBRILA ABBA, son petit-fils qui est mon demi-frère et Chef du village WARBA. Au moment où cette histoire se raconte il y plusieurs semaines de cela, Celui-ci (Le  Chef de Warba) m’accueillant dans sa chambre m’avait poliment et fraternellement interrogé sur ma responsabilité. Après lui avoir donné ma position, il avait immédiatement appelé  M. BOUKAR  ABDOURAHIM son oncle qui est à la fois  gendre et Conseiller Spécial du PAN pour lui dire que les accusations portées contre moi n’étaient pas fondées. Sans se faire prier, M. BOUKAR  ABDOURAHIM dans un ton insistant dira qu’il a des preuves qui m’accablent non sans rappeler au Chef de faire  usage de son rang d’Inspecteur de Police pour me faire arrêter.

Avez-vous des antécédents avec le Conseiller Spécial du PAN ?

A ma connaissance non. Il n’y a pas longtemps que je lui ai transmis mes salutations après la venue dans son foyer d’un nouveau-né. Parallèlement, il m’a souvent bien reçu à chacun de mes passages à Yaoundé.

Depuis votre arrestation, quelle a été l’attitude du Chef ?

Nous ne nous sommes pas vus. Cependant, il m’a été rapporté la nouvelle selon laquelle, il a conduit au domicile du PAN, une délégation de neuf personnes parmi lesquelles son cadet DAOUDA ABBA, Ibrahim ABBA, MAL Oumar, ABBA NANI, etc. Le  PAN dans ses propos d’accueil, aurait demandé au Chef les raisons pour lesquelles celui-ci s’est permis de voler à mon secours, après mon arrestation. Surpris, le Chef rétorquera poliment au PAN qu’il n’a jamais initié une démarche dans ce sens et qu’à contrario, « les villageois estiment que  c’est moi qui ai fait arrêter ISMAYLA »  aurait-il dit en substance avant de se laisser  sermonner par le maître de céans qui conclut  en ces termes : «  J’ai fait arrêter ton grand-frère (…) Fais attention avec lui, puisqu’il peut te tuer (…) ».

Une opinion laisse entendre que vous êtes politiquement parlant un « opposant » aux intérêts du PAN depuis que votre rêve de devenir son gendre s’est brisé… Qu’en dites-vous ?

C’est  réducteur de voir les choses de cette façon et dégradant pour le géniteur d’une telle idée. Je compte parmi les électeurs du PAN et suis membre de la Sous-section OJRDPC-Est. Vous pouvez le vérifier auprès de mon Président, M. ABDOUL Nasser. Par ailleurs, je n’ai jamais entretenu le rêve de devenir son gendre. Il est certes vrai  que dans ma tendre jeunesse j’avais exprimé le vœu d’épouser une de ses filles, devenue aujourd’hui la compagne de son conseiller Spécial…Où est le problème puisqu’il n’a jamais existé ? Pourquoi y verrait-on un échec, puisqu’il n’a jamais existé de compétition au point où l’échec en soit devenu le socle d’une haine dévorante. Et si cela avait été le cas, en quoi l’attentat prémédité contre le PAN se justifierait-il ?

 (Archives ODH)

  Propos  recueillis le  31 Janvier 2013

[1] Chef  lieu du Département du Mayo-Sava, qui jouxte la ville de Maiduguri, République du Nigeria.

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