Image Scolaire

  • OBSERVATION

La période de l’année qui va de Février  au début du mois de Juin, est particulièrement difficile pour les populations du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun. La rudesse du climat et  l’avancée de la désertification y sont d’autant plus âpres que tout silence au regard de leur répercussion sur le plan scolaire s’assimilerait à la haute trahison. Il faut y séjourner pour mesurer  l’évidence du calvaire que nos enfants, nos frères et sœurs, nos familles,  nos compatriotes, nos semblables vivent avec stoïcisme. C’est à cette période de l’année que  « les températures  à  Poli, Doukoula, Mora, Koza, Goulfé, Makary, etc., oscillent entre 42 et 49 degré à l’ombre »,  nous rappelle  un cadre de l’ASECNA à la retraite à Yagoua. Ce n’est donc pas exagéré lorsque Jean-Pierre K. Professeur des Lycées et Collèges dans la localité  souligne sous un ton pathétique qu’au cours de cette période précise de l’année, « il est impossible de dispenser le moindre cours à partir de 11h » non sans regretter que tout effort dans ce sens est vain, puisque tous  « les élèves à partir de cet instant hurlent de détresse » dans cette partie du monde où, la pluviométrie moyenne par jour est inférieure à un millimètre et cela depuis trente ans.

C’est le lieu de comprendre au-delà de ces témoignages, la récurrence au cours de la même période des maladies d’ORL et celles qui affectent directement le système nerveux : Asthme, Épistaxis, épilepsie, transe, dyspnée, etc. Que des spécialistes de médecine justifient autrement ce phénomène importe peu. L’évidence force à reconnaître que, pour des raisons climatiques, les jeunes scolaires du Grand nord Cameroun, ne sont pas logés à la même enseigne que leurs homologues du grand sud. Pourquoi ne pas le dire, dès lors qu’il est vérifié qu’au moment où, tous fréquentent régulièrement de 7h30 à 15h dans la partie australe du Cameroun, ceux du septentrion malheureusement sont obligés d’arrêter les cours à 11h, sans avoir la possibilité de se rattraper en soirée, puisque l’électrification y fait défaut ?Comment se rattraperaient-ils d’ailleurs, dès lors que, tout compte fait, la canicule couvre quatre mois sur neuf que compte l’année scolaire ? On peut donc se demander si l’État qui évalue au même pied d’égalité tous ces scolaires durant les examens et concours, n’est pas de ce fait comptable et coupable de discrimination vis-à-vis de ceux du nord ? Suffit-il toujours de s’abriter derrière le principe émoussé d’« équilibre régional » pour feindre résoudre un problème que nous entretenons concomitamment? Quelle appréciation objective fait-on du déficit d’enseignants et  la ribambelle de conséquences sur la formation de la jeunesse qui fréquente ces Établissements scolaires crées à hue et à dia ?

  • ANALYSE

A regarder de près, il paraît juste et indispensable de considérer le sort de cette jeunesse du septentrion, comme un problème national. Il faut être avocat du diable pour ne pas reconnaître que les facteurs naturels au grand nord Cameroun, plaident pour une révision systématique du système scolaire appliqué sur toute l’étendue du territoire national.

  • SUR LE PLAN ORGANISATIONNEL: Très peu d’enseignants originaires du Cameroun austral, acceptent de travailler dans le septentrion, du fait des conditions climatiques assez sévères. Il ne suffit pas de remettre en question cette approche, mais de procéder à une vérification sur le terrain, pour se rendre compte qu’au niveau primaire, de milliers d’enseignants supposés être en poste au Nord répondent aux abonnés absents. Où sont-ils ? Pour la plupart des cas, ils sont évacués sanitaires depuis plus de deux années scolaires, sans être le moins remplacés. Nous avons constaté au niveau du secondaire, une absence criarde d’enseignants d’expression anglaise dans les sections anglophones des lycées bilingues, pendant que des élèves y inscrits sont présentés aux examens officiels (GCE Ordinary and Advanced Level). Qu’en est-il des Terminales littéraires souffrantes du manque de Professeurs de philosophie, d’Anglais et d’Espagnol, au moment où, leurs homologues d’histoire et de Mathématiques bien que visibles, brillent par une absence très remarquée aux cours ? De là à penser qu’ils sont tous coupables de parjure, nous paraîtrait injuste. Le problème est ailleurs et mérite d’être examiné.
  • SUR LE PLAN MÉDICO-SOCIAL: Il existe un grave problème d’enclavement dans cette partie du pays. De nombreux enfants sont obligés de parcourir chaque matin, environ 10 km à pied  pour y retourner après 15h, sous un soleil accablant. La conséquence est toute simple. Cet enfant issu de famille assez démunie consomme moins d’un gramme de calorie par jour. Le soleil qui le brûle à longueur du temps, détruit davantage tout ce qu’il a de réserve. Il sèche, doit souffrir d’anémie pour mourir quelques temps après. Or, le gouvernement qui se dit soucieux du sort de cette jeunesse, a certes crée une chaîne d’Établissements dans le but de parer au problème du désenclavement ; mais pour quels effets, puisque faute d’être simplement sur papier, ces Établissements n’ont soit pas de staff, soit  pas de bâtiments et cela durant plusieurs années.
  • SUGGESTION

En prenant en compte la population scolaire non négligeable du septentrion, nous estimons qu’il est utile de penser une approche salutaire des difficultés qu’elle connaît. Pour autant, la paix qui nous préoccupe tant se veut être un alliage réussi entre les us et coutumes, la religion, les exigences naturelles et  nos nobles aspirations. Autrement dit, la consolidation de tous nos acquis ne dépend pas seulement des promesses politiques, mais aussi et surtout de la préoccupation que nous avons du sort des autres. Les camerounais du septentrion comme nous l’avons déjà dit, accusent un réel retard dans la grande dynamique de la scolarisation. Il faudrait  pour remédier à la situation, opter pour l’une des deux démarches ci-après :

  • Tenir compte de l’impossibilité pratique que le Nord éprouve à couvrir les programmes scolaires officiels et organiser pour chaque examen, deux sessions adaptées : Une pour le boréal  et l’autre pour l’austral. Si d’emblée cette approche porte en elle les germes de la médiocrité, dès lors que des élèves paresseux du Sud, voudront se rattraper en allant composer au Nord, elle n’en demeure pas moins une solution possible qui mérite d’être étudiée.
  • Pratiquer un système scolaire qui soit en harmonie avec les contraintes naturelles des deux grands ensembles du pays. Mais comment ?

 Cameroun Austral  – Grand Sud –

DIVISION

DE L’ANNÉE

PÉRIODES

CONCERNÉES

Examens de fin d’Année Vacances
   1er  Trimestre Sept – Oct – Nov  Juin Juin

Juillet

Août

2ième  Trimestre Déc – Janv – Févr
3ième  Trimestre Mars – Avril – Mai

 Cameroun Boréal   – Grand Nord –

1er Trimestre Mai – Juin – Juil  

Février

Févr

Mars

Avril

2ième  Trimestre Août –Sept-Oct
3ième  Trimestre Nov – Déc- Janv

LE MÉRITE DE CETTE DÉMARCHE

  • Au moment où, les camerounais du Grand Sud échappent aux affres des pluies de Juin, Juillet et Août, il est normal que ceux du Grand Nord, aient aussi le privilège d’échapper à la canicule de Février, Mars, Avril.
  • La pratique dite d’ « harmonisation des courbes» aux examens devrait cesser. Cette approche donne les chances à chaque jeune scolaire du Cameroun, d’étudier  loin de toutes les pesanteurs naturelles.  Les programmes  qui doivent  être achevés, rendent compétitifs tous ces jeunes chez qui, le mérite seul devrait servir de socle d’évaluation
  • Les enseignants « sudistes » qui, pour des raisons climatiques refusent d’enseigner au Nord ou mieux y souffrent de diverses maladies, n’auront plus d’arguments à faire valoir.
  • En dehors des examens officiels qui constitueront un obstacle majeur à tout élève désireux d’évoluer entre les deux grands ensembles, il reste néanmoins vrai que l’élève qui échoue au Sud entre Mai -Juin, peut se refuser la jouissance des vacances et engager directement avec le 1er Trimestre au Nord. Ce que l’inverse n’offre pas comme possibilité à celui du Nord.
  • Quant à l’Inscription dans les Universités, le Cameroun a le privilège d’instaurer le système d’Université d’Été pour des jeunes bacheliers[1] venant du Grand Nord, tout en maintenant le système en vigueur pour les jeunes issus des Établissements scolaires du Grand Sud……

 

Le  07 Avril 2013

Emmanuel  K. MOMO

 

[1] Lorsque  nous parlons de  « jeunes bacheliers  venant du grand nord (…) issus des Établissements scolaires du Grand Sud…… », Nous ne faisons  aucunement référence aux fils originaires du nord ou du sud, mais essentiellement  aux  jeunes Camerounais et étrangers qui  y vivent.  Notre démarche n’a  aucune coloration régionale, mais se veut être du domaine national.

 

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