Il y a sept mois (19 Septembre 2022 – 19 Avril 2023), nous informions les autorités administratives et judiciaires du Diamaré et de l’Extrême-Nord, du traitement dégradant que  subissait un couple domicilié au lieudit  Godola dans l’arrondissement de Meri. L’épouse devenue veuve pendant ce calvaire, reste à ce jour dans la clandestinité, loin de ses enfants, objets eux-aussi de menaces quotidiennes. Et de savoir pourquoi  les fermes instructions du Garde des Sceaux et du Ministre des Affaires Sociales  relatives à cette affaire restent-elles sans effets depuis le mois d’octobre 2022 ?

Désemparés par l’indifférence des décideurs face à cet épisode, nous nous faisons le devoir afin que cela soit connu de tous, de rendre publique ci-dessous, l’interview que le couple nous a accordée, quelques jours avant le décès de l’époux.

LES FAITS

Le couple  AK ( de regrettée mémoire) et dame JA, domicilié au lieudit Godola, arrondissement de Meri, Département du diamaré, sont courant mars 2022, accusés de vampirisme par le Chef de Canton de Meri. Le premier aurait « mangé» Mme  B., épouse D. au moment où, son épouse quant à elle échappe au lynchage public, pour avoir « mangé » l’adolescente  M., âgée de 11 ans et fille de sieur  AT. L’atmosphère est saturée. L’air étouffe. Deux marabouts s’affichent comme étant des célébrités au service des accusateurs. Ils sont devenus des Maitres dans un couloir où la Brigade de Gendarmerie de Meri, leur offre le flanc. L’arrondissement de Meri est érigé en sanctuaire de Mami Wata. Et tout site peut servir de relief aux rituels qui y battent leur plein. L’Entretien que ce  couple nous accorde et dont l’économie ci-contre est publiée (dont une partie se veut posthume),  est illustratif de graves dérives que notre société connaît sous le regard soit impuissants, soit ignorants, soit coopératifs de certains décideurs.

ENTRETIEN N° 1 – Mme J.A parle

Vous êtes accusée d’avoir « mangé » la petite M., fille d’ AT. Coupable ou non ? Comment arrive la nouvelle ? Comment l’affaire est-elle traitée ?

Je ne comprends rien. Je suis dans ce village depuis de longues années. A bientôt 45 ans d’âge, c’est la première fois de faire l’objet de ce type d’accusation. Au pire des cas, mon époux est lui aussi accusé des mêmes faits. Je ne comprends rien de cette coïncidence.

Mais, les plaignants vous auraient soumis à des épreuves qui auraient révélé votre statut de vampire ?

Non. Tout n’est qu’affabulation. Je n’ai connu que tortures et jamais une  épreuve-test de mon supposé vampirisme.

Qu’est-ce qui s’est donc passé ?

Le 23 Mars dernier, peu avant 22h, SB chef de quartier viole l’intimité de notre concession, en l’absence de mon époux et m’intime l’ordre de le suivre à la Chefferie. Je m’oppose en lui faisant comprendre que l’heure de la convocation et l’absence de mon époux ne sont pas indiquées. Celui-là rend compte au Chef de Canton la même nuit. Ce dernier relance sa convocation en envoyant son notable SM, un peu plus violent et barbare qui se présente et réussit à me conduire peu après 22h devant le Chef.

Une fois devant le Chef, qu’est-ce qui se passe ?

Je me rends compte que la cour de la Chefferie est comblée de monde. Après des propos humiliants du Chef, ordre m’est donné devant cette meute de me déshabiller et faute de quoi, je le serais de force.

Pourquoi vous mettre à poil et comment réagissez-vous ?

L’objectif est de procéder publiquement à l’ablution de mes aisselles et de mon sexe et par la suite, donner comme boisson l’eau qui en résulte (de cette toilette intime) à la petite M.  présentée comme étant ma victime. J’avais donc refusé. Et sur ordre du Chef, j’étais conduite aux cellules de la Brigade T. de  Gendarmerie de Meri dans la même nuit.

Comment se déroule votre garde à vue ?

Très agitée. Puisque, les gendarmes m’obligeront de me soumettre à ce rituel de nettoyage des aisselles et du sexe. Ce qui je fis après minuit. M.  qui m’avait suivi avait alors bu de cette eau polluée contre mon gré.

Et après ?

J’avais passé la nuit en cellules souffrant du palu et des diarrhées. C’est autour de 13h que je suis libérée des cellules contre versement au Chef de l’Unité (   ) par mon époux. De la gendarmerie, je suis conduite à nouveau devant le Chef où, je suis à nouveau soumise publiquement aux ablutions de mon sexe et de mes aisselles. La même M. est contrainte d’en boire les eaux polluées. Et ce n’est pas tout. Monsieur M, le marabout de Dogba ce 24 Mars, procède sur mon corps et à l’aide d’une lame à raser, aux multiples scarifications (blindages). Mon sang qui coulait avait été servi à la petite M. qui en avait bu. Après cet épisode, je suis libérée et trois jours plus tard, c’est le tour  du notable BS de conduire chez nous (domicile), Monsieur HG, un autre Marabout en tête d’une marée humaine. Cette fois-ci, mon corps n’est plus la cible. C’est ma cuisine qui accueille la foule. Le  Marabout creuse dans ma cuisine un grand trou dans lequel des objets suspects sont plantés. Après cette étape, je suis traînée par ci, par là dans des pratiques aussi  suspectes que dangereuses.

Qu’est devenue la petite M.  ?

Elle est décédée.

M. fille du voisin le plus proche décédée…Comment évolue la crise ?

La situation s’est aggravée. Le 04 avril autour de 15h, Monsieur A. le père de M. est arrivé chez nous et à mis tout à sac. Rien n’a échappé à sa fougue. Hangar, porte, poignets de porte, plats, etc.  Autour de 22h, c’est le tour de six de ses proches de s’amener avec pour objectifs, apparemment d’incendier la maison et de régler des comptes physiques avec mes proches. Heureusement mes deux cadets présents et assez physiques repousseront ces vandales. Cela n’empêche que notre maison soit devenue la cible de nos adversaires qui ont reproduit sur nos murs des propos outrageants du genre : « vampire », « sorciers », etc.

Propos Recueillis en Français et en Fufuldé et interprétés par la rédaction

DÉPOSITION  N° 1

Je  soussignée,

J.A

  • CNI N° 11XXXXXXXXX
  • Du   31.8.2011 à MX14
  • Tél.    6

Déclare vrais les propos ci-dessus publiés et rassure n’avoir subi aucune pression au cours de l’Entretien.

 

Fait le  10  Septembre  2022

J.A

ENTRETIEN (ANTHUME ) N° 2 – M. A.K parle

Du 27 août  au 02 septembre dernier, vous êtes en garde à vue pour des raisons aussi complexes que celles endurées par votre épouse…Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Je ne voudrais pas être très long pour vous dire que je suis accusé d’avoir « mangé » Mme B., épouse de D.. C’est ainsi que le 27 Aout dernier, peu après midi, sous une petite pluie, alors que je venais fraîchement de retourner du boulot,  j’apprends que le Chef de Canton voudrait me voir d’urgence. Sans perdre du temps, je me suis rendu à la chefferie avant de me rendre compte des réels motifs. Devant le public, j’ai été contraint de me déshabiller et de procéder aux ablutions publiques de mes aisselles et de mon sexe. Ma présumée victime présente a bu l’eau issue de ce bain.

Comment pouvez-vous prouver vos dires ?

Je n’étais pas le seul accusé. Nous étions trois et ( un gendarme ) a d’ailleurs les images vidéo d’une partie de notre calvaire, puisqu’il en a pris des images.

Pourquoi selon vous aurait-il pu prendre ces images ?

Je ne sais pas. Peut-être pour nous exposer à la CRTV.

Vous étiez trois accusés de vampirisme…Qui sont les deux autres ?

B. et DL

Que retenir de la suite ?

Le  Mardi 30 Août, autour de 15h, Mme  D., notre présumée victime se présente à nouveau à la gendarmerie. Mes deux compagnons de misère et moi procédions à nouveau aux ablutions de nos organes génitaux et aisselles. Devant des gendarmes. Elle recueille ces eaux souillées et les avale en présence du grand marabout HG. Celui-ci quelques instants après oblige DL et moi de mâcher et avaler des écorces dont nous ignorions la nature. Ces injonctions sont d’autant plus pressantes qu’il s’est permis de plonger ses doigts insalubres dans nos bouches pour pousser ces écorces dans l’œsophage.

Pourquoi selon vous, B.  n’a-t-il pas été soumis à la consommation des écorces comme ça été votre cas ?

Aucune idée. Il était pourtant là, mais en a été épargné.

Et la suite ?

Nous sommes présentés au Procureur le 02 Septembre. Sans avoir trop attendu, il nous a relaxés non sans exiger notre présence au parquet la semaine d’après. Depuis lors, les enquêtes se poursuivent et nous y allons sur convocation.

Comment allez-vous depuis votre libération ?

J’ai mal aux articulations, au dos avec des indices qui présagent les crises d’hémorroïde.

Et votre épouse ?

Elle a mal partout

Avez-vous des nouvelles de Mme  D., votre présumée victime ?

Elle est en vie. C’est le plus important.

Propos Recueillis en Français et en Fufuldé et interprétés par la rédaction

DÉPOSITION  N° 2

Je  soussigné,

AK

  • CNI N° 11xxxxxxxxxxx
  • Du   23.4.2013 à MX14
  • Tél.    6

Déclare vrais les propos ci-dessus publiés et rassure n’avoir subi aucune pression au cours de l’Entretien.

Fait le 10  Septembre  2022

 

            Feu  A. K.

Le Contexte des Allégations d’attentat à la pudeur, de tortures, d’anthropophagie, de crime rituel, etc;

  • Anthropophagie : Le fait d’offrir comme boisson aux présumées victimes de la sorcellerie, les eaux souillées issues de l’ablution des organes génitaux et des aisselles, relève de l’anthropologie symbolique « qui ne porte pas sur la consommation physique de chair humaine, mais sur la dévoration de sa substance symbolique (…) le sorcier anthropophage, s’approprie, c’est le fit, la force vitale, pour augmenter son capital de vie, en dépossédant la victime du sien. Tandis que celle-ci périclite ou meurt, lui se renforce. »[1] Et  Mme  J.A de nous rappeler au cours de notre Entretien que  « (…) je suis conduite à nouveau devant le Chef où, je suis à nouveau soumise publiquement aux ablutions de mon sexe et de mes aisselles. La même M. est contrainte d’en boire les eaux polluées. Et ce n’est pas tout. Monsieur M., le marabout de Dogba ce 24 Mars, procède sur mon corps et à l’aide d’une lame à raser, aux multiples scarifications (blindages). Mon sang qui coulait avait été servi à la petite Marceline qui en avait bu (…) ».
  • Attentat à la pudeur : Comme l’atteste le même entretien, toutes les victimes sont contraintes de se déshabiller en public et de procéder sous le regard de la même meute, aux ablutions de leurs organes génitaux et de leurs aisselles.
  • Crime rituel : Mme  J.A nous apprend qu’après avoir bu de son sang et des eaux souillées issues de ses ablutions, la petites M. est  « décédée ». Et de là, comment interpréter aussi les origines du décès de son époux, sieur A.K ? D’aucuns diront que sa mort serait la résultante des charges de vampirisme qui pesaient lui. Ce qui serait faux puisque ce type de lien de causalité ne peut exister dès lors que, sa présumée victime est bel et bien vivante. En interrogeant la science, il ressort que sieur AK  a succombé des vomissements de sang ou hématémèses. Alors quel lien existerait-il entre les hématémèses et la torture subie à la Chefferie du Canton de Meri et la Brigade T. de Gendarmerie de la même place ? La psychologie est formelle : Le stress trop poussé provoque les hématémèses. Et que reste-t-il du sort de son épouse dont la santé demeure préoccupante après que sa cuisine ait servi d’enterrement des écorces par Monsieur HG le marabout et en présence du notable BS ?
  • Des indices qui font réfléchir :   Le décryptage du  calvaire du défunt AK  est chargé d’informations troublantes.

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropophagie

https://psydh.com