
Violences féminines promues ? Oui, de nombreux indices militent en faveur de cette posture qui est loin d’être une simple affirmation encore moins une provocation. Si hier comme aujourd’hui, la cause de la femme n’a vraiment pas d’écho aux oreilles des décideurs de cette ville, la démarche faite par ce Tribunal stupéfait davantage et force à s’interroger. Mais avant d’agiter ce sac au contenu terne et révoltant, ci-dessous le tableau noir et non exhaustif du calvaire des filles et femmes dans le Mayo-Sava :
- 27 novembre 2016 : Mme Zenapa, née en 1985, épouse Wadawa Beché domiciliée à Kourgui est arrêtée et gardée à vue dans les cellules de M. Oumaté, célèbre tortionnaire et ci-devant Chef de 2è degré de Kourgui. Elle est libérée sous caution de dix mille francs, autour de 18h après près de 10h de séquestration. La justice et administration saisies par nos soins optent pour un silence moqueur et cadavérique.
- 1er au 03 juillet 2019, Mme Fadi la quarantaine et sa fille Kaltoumi âgée de 15 ans sont sur ordre du Parquet, placées en garde à vue dans les cellules du Commissariat de Sécurité Publique de Mora… Et pour cause : M. Malla sexagénaire qui exploite sexuellement la mineure depuis quatre ans ( ndlr : Elle a 12 ans au début de leurs aventures maléfiques ) réclame le remboursement de ses cadeaux, assimilés à la dot. Notre entrée en scène fait reculer ces tortionnaires de vieil âge !
- Décembre 2018 – Janvier 2019 : Mlle Yaganama M., 15 ans est droguée, violée et engrossée par un certain Bako, commerçant au marché central de Mora. Elle a failli perdre sa vie suite à l’accouchement par césarienne dont elle fit l’objet. Surprise totale : Police, Gendarmerie et Parquet saisis par la famille de cette mineure refusent de donner suite. Le violeur est libre. L’enfant et sa mère scrutent depuis lors, le mystère des étoiles et de la lune.
- 12 décembre 2019 : Mme Dougvia, septuagénaire, s’est fait battre autour de 16h par le Chef 2è degré de Kourgui. Notre dénonciation est restée vaine.
De ce qui précède, devrait-on nous intenter un procès lorsqu’on se rend compte que le même appareil judiciaire brille par des actes qui frisent la dénégation humaine ? Mme veuve Fadmé Liman Oumar , sexagénaire, agent de l’État retraité, Vice-présidente de l’association des personnes handicapées de l’arrondissement de Mora nous livre un témoignage froid de son expérience personnelle.

ENTRETIEN

Madame, nous ne vous connaissons pas ces jours dans votre mine toujours , gaie, radieuse, joviale….Qu’est-ce qui ne va pas
Une de mes petites-filles, mineure, orpheline de ses géniteurs (au rang desquels un de mes fils), non scolarisée pour des raisons de santé et moyens financiers inexistants, est enceinte. Elle porte une grossesse presqu’à terme. L’auteur de cette dérive identifié, arrêté, incarcéré est récemment libéré et retourne nous narguer.
Votre petite-fille mineure est enceinte et souffrirait de problème de santé. Peut-on en savoir plus de son âge et de sa santé ?
Elle a selon le médecin 16 ans, mais sa morphologie lui en donne moins. En plus, elle est muette suite à une crise de méningite.
Une grossesse à terme, des œuvres d’un homme bien connu…récemment incarcéré et aujourd’hui libéré. Pour des besoins de la cause, que peut-on mieux retenir de sa filiation ?
C’est un adulte dans la cinquantaine sonnée. Père de famille connu sous le pseudo de Baba Nessa, de naissance il s’appelle Ibrahim Abba.
A-t-il été jugé, condamné ? Si non, avez-vous une idée des circonstances de sa libération ?
Juger non. Cependant, sa libération ne repose sur aucune base légale. J’en veux pour preuve, de nombreux émissaires que j’ai reçus et qui militaient pour sa libération. Alors si tant est-il qu’il disposait des moyens légaux pour s’en sortir, aurait-il envoyé tout ce monde me draguer, solliciter mon soutien ?
Vous soupçonnez une apparente manipulation de l’appareil judiciaire ?
Pas vraiment manipulée, mais irresponsable, donc en déphasage avec l’idéel. Voyez-vous, Si cette justice respectait la femme, la fille, les mineures victimes de violences, d’abus sexuels, elle aurait programmé cette libération en prenant en compte la prise en charge des victimes de ces pervers. Ce qui n’est pas le cas. Les victimes n’ont qu’à mourir et on s’en fout.
Comment avez-vous réagi à la suite de la libération de Baba Nessa ?
Je suis allée rencontrer le Juge d’Instruction N°1, à qui j’ai exprimé ma déception pour cette manière de faire. Je lui ai dit que la Justice divine s’occupera de chacun de nous ?
Et sa réaction ?
Cela ne m’intéressait plus. J’avais à dire. Je l’ai fait et suis rentrée.
Aux risques d’être arrêtée ?
Si me faire arrêter serait la réponse à l’expression de mon indignation, je l’assumerais, convaincue que le Justice divine est impartiale et ne ratte jamais sa cible. La loi de réciprocité est active et inexorable, incontournable, implacable. A chacun de s’en souvenir avant d’agir !
Quelle est la nature actuelle des rapports entre Baba Nessa et votre famille ?
Aucun contact, mais beaucoup plus des scènes de défiance qu’il essaye de projeter vers nous. Il est fort. Il nous dépasse. Il a du soutien…Voilà le lot !
Parlant de l’idéal qui aurait voulu que sa libération fut subordonnée aux conditions de prise en charge de votre petite-fille, nous comprenons que ce n’est pas facile. Alors comment s’organise la prochaine naissance de votre arrière-petit enfant ?
L’Éternel Seul est au contrôle et nous nous battons à la limite des moyens et des personnes qu’iL envoie vers nous. Parlant des hommes, je voudrais très humblement remercier le Chef Centre Social de Mora que je trouve exceptionnel. Ses conseils, son sens de l’écoute, ses mots sympathiques, ses démarches, ses actions et même ses projections au-delà de mon cas, forcent admiration. Il est à sa place et c’est une grâce !
Comment s’appelle-t-il ?
MOUDE Olivier…
En tant qu’habituée de ce Service, pensez-vous que le traitement des affaires y soit nettement amélioré par rapport à hier, puisqu’à un moment donné, des usagers de ce service disaient leur déconvenue vis-à-vis de ce Service ?
Je n’entre pas dans ce jeu de vaine comparaison. Je comprends votre préoccupation. Et le moins que je dirai est simple. Chaque Chef Service est nommé sur la base d’une compétence avérée. Seules les qualités de l’âme font la différence entre professionnels.. Donc ce Service a toujours connu de bons responsables. A la seule différence que chacun a sa manière, ses forces, ses faiblesses, ses empreintes, ses touches, etc. mais toujours vers le même but. S’agissant de remous, cela arrive toujours lorsqu’un ancien quitte et un nouveau arrive. Les usagers (et même des collaborateurs) sont exigeants et réclament du nouveau ce que l’ancien a développé. Or, le nouveau qui arrive a besoin de s’acclimater, de s’ancrer, de prendre la mesure des défis et d’imprimer sa marque. Et forcément ceux qui ruminaient au moment où arrivait le nouveau finissent toujours par s’aligner, par s’accorder…Tout est bien et c’est la météo sociale qui parfois nous fait penser qu’untel serait mauvais puisqu’untel autre trop bon. Soyons prudents dans nos jugements.
Propos recueillis le 04 juillet 2022