Des transporteurs de la Manyu et de la Bouba et Ngoko accusent le gouvernement de la  république d’escroquerie…

 « Qu’est-ce qui a changé mollah ? Ils nous parlent de décentralisation, décentralisation, mais voici nos misères qui s’amplifient (…) Pour faire la visite technique de mon véhicule, je dois parcourir à partir d’ici (ndlr : Moloundou, Région de l’Est, département de la Boumba et Ngoko) à Bertoua, la distance en aller et retour  de  992 Km (ndlr : 496 Km X 2) », dénonce M. Hubert-Gérard AVOM, fonctionnaire retraité. Ce sexagénaire reconverti au transport urbain nous apprend qu’en temps normal, son véhicule et bien d’autres n’ont vraiment pas de problèmes techniques.  Et de souligner sous fond de regret que c’est  « la longue distance de 496Km que nous parcourons deux fois entre Bertoua et ici, sur un mauvais état de route qui nous cause tous les problèmes (…) Les pannes détectées à Bertoua sont corrigées et sur le chemin retour, les mêmes pannes se créent (…) parce que la route n’est pas bonne (…) ». En marge de ce  cri de détresse, il y a naturellement les charges qui accompagnent cette odyssée. Quel est le coût du Carburant pour tout ce voyage ? Qui assure les frais d’hébergement et de nutrition de chaque propriétaire de véhicule parti de très loin et obligé de faire le rang au fil des jours ? Il y a certainement une injustice assez grave qui mérite d’être dénoncée. Pourquoi devrait-on parcourir tant de kilomètres sur de mauvaises routes, alors que des dispositions pouvaient être prises au niveau de Yokadouma, chef lieu du département  de manière à réduire les peines de ces transporteurs ? Quel est réellement le sens de cette décentralisation ?

            Nous pensons qu’en marge de « la cession progressive par l’État aux collectivités territoriales décentralisées de compétences non exclusives accompagnées de ressources humaines, techniques, matérielles et financières adéquates. », des mesures d’accompagnement dans l’implémentation de cette  décentralisation s’imposent. Aussi, ce qui précède est-elle une expérience propre aux transporteurs de l’Est qui font face à deux farouches écueils à savoir des terres battues (qui tiennent lieu de routes en souvenir de la préhistoire), responsables  avant et après le contrôle technique de toutes les pannes et les charges assez onéreuses du voyage dans une économie vacillante et exsangue comme la nôtre. Parallèlement, il nous semble aussi important de relever que l’insécurité qui règne dans le NOSO[1] se pose tout autant que  des terres battues  de l’Est,  comme une farouche adversaire des transporteurs. Pour  illustration, le cas de ces véhicules qui partent  de l’Arrondissement d’Eyumédjock, dans le département de la Manyu, Région du Sud-ouest, pour un Certificat de Visite Technique dans la Mézam à Bamenda ou dans la Mémé à Kumba :   « J’habite Kembong et dois parcourir 92 miles (ndlr : 148Km) pour me rendre à Kumba et me faire établir la visite technique de mon Car (…) », déplore Madame Frida MBENG-ENOW, quadragénaire et agricultrice qui dit y voir assez de risques de tomber tant sur l’axe qui conduit à Bamenda que sur celui qui va vers Kumba, dans le traquenard  des terroristes ambazoniens qui écument de nuit comme de jour, ces différentes destinations. Sans cacher  les craintes de tout autre propriétaire de véhicule(s), elle implore les pouvoirs publics de daigner faire de la délocalisation des Centres de visites techniques vers les chefs-lieux de département, l’une des priorités du  processus de la Décentralisation. « (…) Nous sommes des opérateurs économiques et l’État devrait au quotidien veiller à ce que la tâche nous soit allégée (….) Un voyage perdu pour défaut de Visite technique est lourdement vécu par un commerçant qui doit en contrepartie de ses charges fiscales et autres, pouvoir dégager un bénéfice (…) A défaut ce serait un suicide économique…Voyez-vous ! », se défend-elle !


[1] Régions anglophones  du Nord-Ouest et Sud-ouest

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