
Nous avons reçu en décembre dernier, la correspondance électronique d’une jeune dame chercheuse d’emploi. Isabelle (prête-nom), 28 ans, titulaire d’un Master 2 en Mathématiques demande conseils pour briser le désespoir qui l’étreint depuis deux ans. « J’ai fait l’objet en l’espace de trois ans, de deux importants recrutements aux seins d’une multinationale pour le premier et d’une ONG étrangère pour le second(…) Mais je ne comprends pas qu’après toutes les formalités d’usage, au moment de signer le contrat, je me suis toujours rétractée(…) » écrit-elle avant d’ajouter « A chacune de mes démissions, j’ai toujours eu l’impression d’être libérée. Malgré tout, je reste insatisfaite dans la mesure où, je n’ai pas d’emploi et les opportunités deviennent rarissimes(…) ». Ce qui précède semble en total déphasage avec l’expérience vécue par la grande majorité des jeunes. Justement parce que, très peu ont la chance de trouver d’emplois juteux pour se permettre peut-être par maladresse et sans possibilité immédiate de substitution, de s’en débarrasser avant que le coq n’ait chanté. Qu’est-ce qui ne va donc pas ?
Ce qui suit est la réponse que nous avons adressée à cette dame. Toutefois, la nature de ses questions et notre approche de réponses, nous paraissent-elles intéressantes qu’elles pourraient servir d’éclairage, nous souhaitons, aux autres jeunes chercheurs d’emploi et dans une large mesure aux ex-détenus et retraités intéressés à leur réinsertion socioprofessionnelle.
Bonjour Mme Isabelle,
Nous accusons réception de votre correspondance électronique du 05 décembre dernier et vous en remercions. Y faisant suite, nous vous prions de trouver ci-dessous, la réponse assez réfléchie et mûrie à l’essentiel de vos questions :
- « Suis-je maudite ou fais-je l’objet d’un mauvais sort ? »
Toutes vérifications faites, NON.
- « Si non, qu’est-ce qui justifie toutes ces hésitations de ma part et comment pourrais-je les contourner ? »
Vous êtes l’expression vivante d’une vocation en pleine déroute. Ce que vous vivez n’est pas une hésitation, mais un rappel inconscient de ce que toutes les voies que vous avez empruntées ces dernières années, sont/étaient contraires à celle qui vous est prédisposée. Votre expérience ressemble à celle d’un voyageur qui se trompe de destination et atterrit médusé,dans une contrée lointaine où, il ne sait à qui s’adresser. Il n’a pas assez d’argent pour occuper une chambre d’hôtel, il doit manger, mais ne dispose pas assez d’argent. Il décide alors de s’étaler sur un carton et devant un magasin fermé. Plongé dans un profond sommeil réparateur, il se fera chiper son sac contenant tout. Pièce d’identité, argent et autres documents. Il est tout perdu comme vous. Cela est d’autant plus clair que, contrairement à vos dernières options d’emploi toutes rejetées, l’exploitation de votre profil professionnel nous apprend que « vous avez de fortes chances de vous épanouir dans un travail où il est nécessaire de s’imposer (où les “dents longues” sont recommandées). Vos secteurs privilégiés seront: l’industrie, la finance, le sport ou le marketing. Parfois, les métiers où il faut prendre des risques physiques. Cascadeur, grimpeur, pilote de chasse. Le métier de chirurgien pourra faire partie du décor».
Les différents couloirs professionnels qui précèdent sont ceux qui vous sont le plus fertiles en réalisation avec la garantie de votre épanouissement. A vous de choisir en fonction de votre feeling. Bien plus, évitez de trop miser sur les références de vos diplômes, lesquels restent et resteront exclusivement des présomptions et jamais la réelle expression de vos aptitudes. En d’autres termes, toute orientation professionnelle sur la base des diplômes est une entreprise techniquement immature et professionnellement une pure utopie. Seules les prédispositions professionnelles d’un demandeur stimulent son engagement, sont être forcément en phase avec les filières correspondantes à sa formation ou à ses diplômes. Des illustrations ne font pas défaut au Cameroun :
Ignorance de soi, facteur d’Illusions
- Un concours de recrutement de 2500 policiers vient d’être lancé. Curieusement, nous sommes à plus de dix mille dossiers de candidature déjà enregistrés. Chaque Candidat ici n’a qu’une seule motivation : Un emploi sécurisé. Ce qui à l’état actuel des choses n’est pas mauvais. Cependant, l’idéal qui ne dépend pas de la nature d’un emploi, :mais de l’épanouissement que l’on en tire, aurait voulu que chacun fût à sa place : « The right man at the right place. »
- Voici cinq ans que les Camerounais font face à un conflit inutile avec les sécessionnistes de la zone anglophone. Sans remettre en question l’expertise de nos Spécialistes des Conflits armés et autres brillants stratèges et Agrégés des Universités qui écument les plateaux de TV à longueur des semaines, une question sans réponse taraude notre esprit : Comment le Cameroun qui est doté d’une des plus prestigieuses Écoles de Guerre, qui y forme depuis plusieurs années la crème de nombreuses armées du Continent, peine-t-il à maîtriser la guerre qui sévit en zone anglophone ? Pourquoi cette apparente inefficacité de tous ces experts ?
- Le Cameroun depuis plusieurs décennies, forme des Ingénieurs des travaux publics. Alors, comment admet-on qu’à l’occasion des préparatifs de la Coupe d’Afrique des Nations par exemple, l’ingénierie étrangère ait été sollicitée au grand mépris des compétences locales, si le gouvernement par ce geste ne voudrait pas dire autrement à nos ingénieurs : « Les gars vous avez théoriquement la matière, mais dans la réalité Vous n’y pouvez rien. »
- Soucieux de l’insertion socio-économique des jeunes, le gouvernement Camerounais a mis sur pied entre 2003 et 2017, de nombreux projets et initiatives financés à hauteur des milliards de nos francs. Il s’agit entre autres du Projet Intégré d’ Appui aux Acteurs du Secteur Informel (PIAASI), du projet d’appui à la jeunesse rurale et urbaine (PAJER-U), du service civique national de participation au développement (SCNPD), du projet d’aide au retour et à l’insertion des jeunes de la diaspora (PARI-JEDI), du plan triennal jeunes etc. Curieusement, toutes ces nobles initiatives n’ont connu qu’un échec retentissant. Les raisons officielles de ces débâcles n’ont nullement été convaincantes. Pourtant, il est clair qu’un jeune prédisposé à la Médecine devrait lamentablement échouer dans un projet qui le dirige soit dans un champ de maïs, soit dans un atelier de menuiserie. Sur ce, comment se serait-on donc attendu à une réussite de si grands projets dont la planification et l’exécution n’ont jamais pris en compte des prédispositions professionnelles des bénéficiaires ? Pendant ce temps sportifs et artistes se réalisent sans le moindre financement. La différence saute à l’œil !!!
- Il y a eu dans notre histoire des exceptionnels sportifs, Pasteurs, Hommes politiques, artistes, etc. Il y en aura encore demain. Cependant, il n’y aura jamais plusieurs Maréchal Mbappé Leppé, Marc Vivien Foé, Super Makia, Joseph Bessala, etc. encore moins plusieurs Martin-Paul Samba, Martin Luther King, Desmond Tutu, Thomas Sankara, Mandela, J.J. Rawlings, Fela Ramsome Kuti, Manu Dibango, etc. simplement parce que leur respective célébrité n’a jamais dépendu d’une quelconque formation professionnelle assortie d’un diplôme, mais de la force du « génie » qui gisait en eux. Autrement dit, il n’existe nulle part dans le monde, un Centre de Formation des jeunes Thomas Sankara, Manu Dibango, Douala Manga Bell, etc. Ces grands noms ne sont pas faits des mains d’hommes. Aussi pensons-nous que quiconque parvient à Identifier et exploiter ses Prédispositions Professionnelles aura réalisé en soi, la fabuleuse alchimie du « Connais-toi toi-même », source de l’auto-réalisation et du plein épanouissement. Concourir n’aura plus de sens, rechercher le numéro matricule pour assurer sa retraite encore moins, n’aura d’importance.
Nous vous remercions !