«  C’est notre chef qui nous a envoyés de venir le tuer (….) »,

Aurait déclaré M. Teguia, l’un des trois suspects arrêté, mais libéré par le Commissariat de Sécurité Publique du 2è Arrondissement de Maroua.. Déçu, M. ALHADJI  MAHAMAT, la cible de l’attentat manqué, 29 ans, domicilié au quartier  Lopéré dans le deuxième arrondissement de la ville de Maroua, se prononce sur les faits et accuse…


ENTRETIEN

ALHADJI MAHAMAT

Que s’est-il passé dans la nuit du 29-30 Octobre dernier ?

Il est environ 2h de la nuit, lorsqu’un bruit étrange me réveille. Après observation de l’intérieur, j’aperçois à travers ma fenêtre, trois personnes armées de machettes et marteau, entrain de briser ma porte. C’est ainsi que je me suis à crier « Oh Voleurs » et dans tous les sens. A leur tour de me mettre en garde contre mes cris, disant que faute de me taire, ils m’abattront. Heureusement, la mobilisation des masses les contraint de fuir. Cependant, l’un est arrêté sur le champ. Il s’appelle Téguia. Il est conduit immédiatement au Commissariat de Police de Bamaré, dans le deuxième arrondissement.

Et la suite ?

J’y ai déposé une plainte. Après m’avoir entendu, je suis surpris lorsque mon enquêteur, l’Inspecteur de Police xxxx m’apprend hier (ndlr : 05 Novembre) vendredi peu avant 13h, que  M. Téguia a été libéré des cellules. Il est libre.

A-t-il été présenté au Procureur depuis le 30 Octobre dernier ?

Je ne sais pas. Mais j’en ai des doutes.

Concrètement qu’est-ce qui selon vous, fâche dans la procédure ?

Je suis déçu parce que le Commissariat du 2è arrondissement n’a rien fait pour me protéger. Comment peut-on libérer quelqu’un qui en plus de ne pas disposer d’une Carte Nationale d’Identité, a avoué devant témoins qu’ils sont trois que leur patron a envoyé de me tuer ? Qui est ce patron ? Qui sont les deux autres en fuite ? Pourquoi ce patron m’en veut-il ? Sans répondre à ces questions, un homme qui reconnait être un tueur est libéré. Cela fait peur.

Qu’avez-vous pris comme dispositions face à cette situation ?

Dans un premier temps, je ne dors plus à la maison depuis Samedi dernier (30 Octobre),. Et tout se complique parce que les trois tueurs et leur patron sont entrain de me voir, je ne les connais pas. Et le pire peut arriver, même en journée et en pleine chaussée. En plus, j’ai tenu à ce que cette affaire soit dénoncée en haut lieu.

En marge de cette scène, pensez-vous avoir des antécédents avec X ?

Non

Soupçonnez-vous X ?

Non. Cependant il y a une histoire que je vais vous raconter. Je ne sais pas si l’on peut faire un lien avec un antécédent.  En fait, je suis propriétaire d’un terrain acquis au quartier Loukguewo. Entre-temps, mon voisin et moi avons des problèmes de limites. Nos rapports se sont détériorés jusqu’au jour où, le 11 Mars dernier, j’ai retrouvé le crâne d’un animal sur ma parcelle. Certains interprètes des faits occultes m’ont fait comprendre que cela annonçait mon décès probable. D’autres par contre m’ont dit que cela était un mauvais signe qui présage mes lendemains incertains. Dans tous les cas, je m’en étais remis à Dieu.

Aujourd’hui, pensez-vous qu’il existerait un lien de causalité entre le différend foncier qui vous oppose à votre voisin de Loukguewo et le  présumé projet d’assassinat manqué contre vous ?

Il appartient à la Justice de procéder à toutes les vérifications possibles et m’épargner de toutes mauvaises interprétations de ce que je vis. Raison de plus de m’interroger sur les motifs qui ont soutenu la décision du Commissaire du 2è Arrondissement de libérer  M. Téguia qui en plus de ne pas posséder de CNI, a avoué être un tueur de profession : «  Notre patron nous a envoyés tuer (….) »

Vous êtes membre de l’Association partenaire « Human Rights Monitoring ». Alors ne pensez-vous pas avoir dénoncé untel qui à son tour aurait choisi de vous réduire au silence ?

Je ne sais pas

Qu’attendez-vous de nous ?

Je suis en danger. Ma mort est programmée au su d’un Commissaire de Police  formé et payé pour assurer notre sécurité. Je ne dois à personne et ne comprends pas que ma vie soit menacée d’extinction. Je vous prie de diffuser le plus largement possible cet entretien afin que le restant de mes jours soit préservé de tout attentat.

OBSERVATION

Et si nous parlions de vapeurs de corruption, ferions-nous l’objet d’outrage à X ?

Il serait impoli et juridiquement maladroit de dire sur un ton affirmatif que la libération de M. Téguia serait la conséquence de probables passe-droits. Néanmoins, si les subtilités des procédures nous l’interdisent, toute la question d’ailleurs sensée serait de savoir, par quelle alchimie  un suspect dans des filets de la Police Judiciaire  réalise-t-il l’exploit au Cameroun de s’échapper alors qu’il ne dispose même pas d’une Carte Nationale d’Identité ? Et au-delà que reste-t-il de la plainte de notre Collaborateur qui a toutes les preuves d’être la cible d’un projet d’attentat ?

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