CAMEROUN-SODÉCOTON: au cœur des allégations de « filouterie » des droits des retraités….

Parlant de la SODECOTON (Société du Développement du Coton), Wikipédia nous apprend qu’elle « est une Entreprise Camerounaise d’Etat, créée en 1974 pour gérer la filière Coton. Sa mission est d’organiser la production et la Commercialisation du coton sur l’étendue du territoire(…) » Remontant à la l’histoire de cette Firme, le même site nous apprend qu’elle (SODECOTON) eut deux grands ancêtres :

La SCNCT (Société cotonnière du nord Cameroun et du Tchad) dont les 22 ans d’existence s’étale de 1927 à 1949, a le mérite d’avoir donné du relief à cette filière en balisant le terrain.
La CFDT (Compagnie française pour le Développement des fibres textiles) se présente comme modernisatrice. Ses 25 ans d’investissement au Cameroun (1949-1974) inspirent les dirigeants du jeune Etat qui créent à leur tour, la SODECOTON.

PROBLÈME

La transition de la CFDT à la SODECOTON apparemment indolore, a laissé pourtant de gros gaps ici, des malentendus là-bas et beaucoup plus de désillusions dans l’ensemble. C’est ainsi qu’une enquête conduite par nos soins dans le Nord et l’Extrême-Nord entre Août 2020 et Septembre 2021, permet de constater que les droits des centaines d’ex-employés de la CFDT reversés à la SODECOTON en 1974, n’ont pas été payés aux ayants-droit. « Nous avions des primes payés au moment où quittaient les français (ndlr : CFDT en 1974) et que la SODECOTON devraient nous restituer (…) Mais jamais jusqu’aujourd’hui (…) Lorsque nous partions pour la retraite, on a demandé cela, ils (sodecoton) ont dit d’attendre et puis rien »[1] nous apprend un octogénaire-diabétique,

retraité de la sodecoton très amer à l’endroit de cette Entreprise. A la question de savoir combien serait-il en effectif ayant subi cette « injustice » de la part de la Sodecoton, un autre de préciser : « c’est incomptable fils…. Nous dépassons le chiffre de 500 employés. Allez vérifier chez eux (ndlr : Sodecoton) ».[1] Toutefois réagissant aux récits funestes, austères et patibulaires des uns et des autres, nous avons décidé de procéder à un recensement desdites victimes. Tâche difficile puisque nombreux d’entre eux, par défaitisme, pessimisme et désespérance, ont cru bon de nous rappeler sous un ton de chagrin que cela ne valait plus la peine de leur faire croire qu’un miracle est possible : « J’ai bientôt 90 ans, misérable depuis bientôt quarante ans (…) Mes enfants errent dans la nature, moi malade (….)Dieu s’occupera de ceux qui détournent les biens des pauvres (…) »[2] nous apprend étalé sur une vieille natte l’un de ses anciens de la Sodecoton après qu’un autre, quelques jours plutôt déclarait : « J’ai travaillé 15 ans avec les blancs (ndlr : CFDT– 1959-1974) avant que la Sodecoton ne nous accueille (….) Où sont passées mes primes de 15 ans ? Je préfère mourir et Dieu s’occupe mieux d’eux (…) »[3]

Dans tous les cas de figure, nous publions ici la liste des 31 victimes que nous avons pu recenser, dans l’espoir qu’elle serve de boussole à la gestion globale de cette affaire qui ne nous honore pas. Aussi, nous semble-t-il important de souligner que ces 31 Victimes qui nous concernent ici sont réparties en deux groupes :

Retraités (en vie) avec documents attestant de leur statut d’anciens employés de la CFDT/SODECOTON ;
Retraités (en vie ou décédés ) sans documents. La raison avancée étant liée aux conditions de vie et à l’insécurité qui ont fait perdre (autodafé de Boko-Haram, inondations, etc.) ces dites pièces.

[1] Propos recueillis en langue arabe-choa

[2] Propos recueillis en langue Fufouldé

[3] Propos recueillis en langue Fufouldé

[1] Propos recueillis en Langue fufouldé

RETRAITES EN VIE ET EN POSSESSION DE DOCUMENTS

N°	Noms	Matricule	Date Arrivée	Date Départ	Obs.
	Abba Mahama[1]	3483	1/4/68	1974	En vie
	Adama Damala		12/9/66	12/5/78	En vie
	Aladji Kola	3491	1/7/68	1974	En vie
	Alhadji Mahamat	3492		1974	En vie
	Bouba Haman		1/9/72	31-1-91	En vie
	Bye Dougdjé		1/7/74	1984	En vie
	Halilou		29/12/67		En vie
	Hamidou Oumarou		10/6/77		En vie
	Kary Lawane	3305	1/4/67		En vie
	Kitikil Jean-Paul	3527	4/4/68	31/7/95	En vie
	Madi Amadou	3312	1/6/70	12/9/66	En vie
	Madi Bintou	3168	15/5/58	1974	En vie
	Oumaté Ngari	3112	2/2/70	1974	En vie

[1] Décédé après la publication officielle de ce Rapport

RETRAITES EN VIE ET DÉCÉDÉS NE POSSÉDANT AUCUN DOCUMENT

N°	noms	Matricule	Date Arrivée	Date Départ	Obs.

	Ababoukar Alhadji W.	3486	1/1/71	1974
	Adama Daouda		12/9/66	12/5/78
	Badjam Todou	3860	15/7/69	1974	Décédé
	Boubakary		30/6/70	31/12/12
	Digaï Sawalda		1/4/68	1974	Décédé
	Djakao Atchang		4/4/67	5/5/95
	Hamadou Hamadjam	3200	1/6/72	31/1/93
	Magouidaye Sali	3858	1/4/66	1974
	Métchédé Dala	3607	3/3/70	1974
	Ousmanou Ndivagui	3551	15/3/60	1974
	Pagoré Joseph		27/4/73	15/4/86	Décédé
	Sali Halidou	3311	1/4/72	31/1/93
	Taïdi Djoulof	3155	1/4/68	1974
	Tchuleu Barthélemy	4010	11/6/68	1974	Décédé
	Wandala Guidaïdi	3861	9/70	1974
	Ysma Sali	2393	13/4/64	1974	Décédé
	Adama Damala		12/9/66	12/5/78
	Madi Amadou	3312	1/6/70	12/9/66