Dans sa gestion des ressources humaines entachée d’impostures et de mépris, force une de ses multiples victimes à briser le silence.

Gilles DIFFO, sexagénaire et Réalisateur TV aujourd’hui à la retraite peine à comprendre les raisons des souffrances qu’il continue d’endurer de la part de la CRTV, son ex-employeur. L’Entretien qu’il nous accorde et dont l’économie ci-dessous est reproduite force à appréhender deux choses ou l’une : Soit la CRTV est une Entreprise aux méthodes de gestion surannées et donc en déphasage avec notre ère, soit Cette Entreprise serait un sanctuaire prêt à excommunier tout contrevenant à ses dogmes. En d’autres termes, tu « fais chier » comme cela dit au quartier, alors là tu seras contraint sans le savoir de  « scier là où tu vis ». Bien d’employés stoïques  en ont payé  cher le prix sans le moins levé le ton. D’autres en retour lui ont infligé une humiliante réplique. Et à notre tour de nous demander si cette  Société à capitaux publics et fière de ses acquis, eut-elle besoin de fabriquer le golem qui aujourd’hui se retourne contre elle ? Quelques illustrations non-exhaustives :

  • Rupture abusive du contrat qui lie la CRTV au Journaliste Martin AMBANG, le promoteur du « Club le Verdict Production (CLVP) ». La justice est saisie et le 24 Septembre 2020, soit deux ans plus tard, elle rend son verdict. La CRTV perd.[1]
  • « Isidore Modjo est l’auteur des génériques d’entrée et de sortie des émissions radiophoniques Cameroon Calling, Morning Safari, les journaux de 13h et 17h et bien d’autres. Ces œuvres sont exploitées par la radio publique depuis une vingtaine d’années, sans que leur compositeur n’ait été payé. (…) Il a fallu un bras de fer (dès le 04 janvier 2016) articulé de sits-in,  intimidations et plusieurs interpellations de ce dernier pour qu’enfin la CRTV accepte de payer ses factures. » le 18 Octobre 2018.
  • Foly Dirane est délogé de la CRTV deux ans avant son départ pour la retraite, prévu en Novembre 2018. A ce sujet, il déclare le 18 juin 2016 et sans aucun effet jusqu’à ce jour  ce qui suit : « J’apprends avec stupéfaction au travers de Cameroun Tribune de jeudi 17 juin 2016 à la page 23 que je suis malade c’est la cause pour laquelle je ne suis plus présent sur les antennes de la CRTV Télé. Ces propos ont été tenus par un dirigeant de la CRTV. Pourtant on m’avait fait comprendre que le sponsor qui s’est intéressé à mon émission (la firme Coco-Cola, ndlr) ne voulait pas de moi parce que je suis vieux. Est-ce un aveu de conspiration? En tout cas face à cette rumeur persistante, j’ai été soumis à tous les tests médicaux y compris celui de la Schizophrénie, de la folie et même du sida. Foly Dirane a déposé ces résultats auprès de la direction générale de la CRTV. Conclusion je ne suis pas fou malade… En attendant la contre-expertise médicale (…)[2] »  

[1] http://www.cameroon-info.net/article/cameroun-medias-le-journaliste-martin-ambang-fait-condamner-la-crtv-pour-rupture-abusive-de-384921.html

[2] http://www.cameroon-info.net/article/cameroun-y-a-t-il-eu-un-complot-contre-foly-dirane-a-la-crtv-lanimateur-vedette-264381.html

ENTRETIEN AVEC GILLES DIFFO

  • Gilles DIFFO
    Gilles DIFFO

ODH : En quelques mots, qu’est-ce qui ne va pas entre la CRTV et vous ?

GILLES DIFFO : Je suis recruté à la CRTV pour compter du 13 Avril 1987. Ma mise à la retraite qui survient le 31 Décembre 2011 s’est inscrite en transgression des textes.  

Que peut-on en retenir ?

En violation des résolutions de la 17ième Session Extraordinaire du Conseil d’Administration de la CRTV, tenue le 12 Mai 2009 qui réglementent la mise à la retraite de son personnel à l’âge de 60 ans, j’ai été écarté 5 ans plus tôt le 31 décembre 2011.

Cela ne devrait pas surprendre si votre mise à la retraite anticipée serait la résultante d’une « faute lourde, de force majeure, ou d’accord parties » ( Art. 38 du Code de Travail)

Ce  n’est pas le cas.

Si tel n’est pas le cas, comment cela peut-il s’expliquer ?

Difficile de le savoir. Je retiens en plus que ce licenciement abusif n’est que la suite  d’une série de supplices que mon employeur m’inflige depuis le début de ma carrière. C’est bien douloureux, mais pas du tout nouveau.

Des Supplices, Comment cela se comprend-il ?

  • Durant 38 mois, c’est-à-dire d’Avril 1987 à Juin 1990, je percevais exclusivement et sans raison officielle, le salaire d’Agent de l’État, alors que tous mes co-promotionnaires, recrutés comme moi le même jour, percevaient durant cette période de temps et en plus de leur salaire d’Agent de l’État, celui de la CRTV ;
  • J’apprends en  Juillet 1990 que le manque à gagner des 38 mois (Arriérés CRTV) me sera reversé à la Retraite. Jusqu’à ce jour rien.
  • Je suis recruté en Catégorie 10/A et depuis mon passage à 11/B,  je n’ai plus connu de reclassement jusqu’à ma retraite qui survient une vingtaine d’années après.

Qu’aviez-vous initié entre-temps dans le sens de réclamer justice ?

J’ai saisi en neuf ans et sans suite, la Direction Générale de la CRTV,  l’Inspection de Travail et les Tribunaux. 

Pourquoi selon vous, rien ne marche malgré les arguments juridiques qui militent en votre faveur ?

Je ne sais pas et suis surpris que malgré les arguments  objectifs  et clairs de l’Inspection du Travail et de mon Avocat, tous unanimes sur le fait que mon employeur m’ait abusivement licencié, le blocage persiste !

Quel est le montant de vos droits, insidieusement retenus par la CRTV ?

Plus de quinze millions de nos francs. Précisément, 21.242.346 Francs sans prendre en compte  entre autres, la mise à jour de mon Carnet de la CNPS sous astreinte de 2150 F par jour de retard, la délivrance de mon Certificat de travail sous astreinte de 2150F par jour de retard et à compter de la date de mon Licenciement.

Votre  Profil Psychologique[1] nous apprend que vous êtes un homme impulsif, difficile « à se lier, à s’intégrer dans la société, à accepter ses règles. » et du coup nous nous demandons si cette dimension de votre être, n’est pas sous-jacente à vos problèmes de l’heure ?

J’ai des faiblesses et cela est humain. Professionnellement, je n’ai pas eu de problème de collaboration avec qui que ce soit. Mes rapports avec tous sont bons et sans exception.

La direction générale de la CRTV a fait l’objet il y a peu, de graves accusations (supposées ou avérées) relatives à la promotion du tribalisme au sein de l’Entreprise. Parallèlement aux supplices subis, y a-t-il selon vous, un lien causal ?

J’ai connu autre chose que cela dans cette Entreprise. En tout cas, à ma connaissance, je ne me souviens pas avoir souffert  du tribalisme.

Vous avez connu autre chose que le tribalisme au niveau de la CRTV…. Comment la décrivez-vous ?

Discrimination et/ou Stigmatisation. La gestion des ressources humaines y  est/fut très opaque. De nombreux chefs se prennent pour des demi-dieux et se font aduler à longueur de temps. Leurs désirs devenaient pour leurs victimes une source de soupirs. A l’arrivée, certains flatteurs essentiellement des cancres sont promus. Des cadres se retrouvent sous les ordres de simples agents. C’est la valorisation des sans valeurs qui officialise à un niveau de l’échelle la médiocrité. 

Lorsqu’on vous écoute, vous donnez l’impression de verser dans des généralités. Prenons un cas isolé. Quelle est en dehors de ce que vous avez déjà évoqué de vous-même, votre expérience personnelle de la discrimination ou de la Stigmatisation ?

Une flopée. Mais je n’en citerai qu’une seule : En Janvier 1995, je suis retenu dans le cadre d’une Mission de Travail en France. Il est question pour nous autres de défendre une Coproduction  CRTV – TV5 et d’y déposer nos émissions primées. Un Passeport express m’est délivré. Mais curieusement, je suis écarté à la dernière minute et remplacé par quelqu’un d’autre complètement étranger et inadapté au Contexte…

Revenant à votre profil Psychologique, avez-vous souvenance d’avoir  au cours de votre carrière et au sein de votre Entreprise, résisté à un lobby par exemple ?

(hésitant) Oui. Je m’en souviens bien

De quoi s’agissait-il ?

Aucun intérêt à en parler ce jour.

Nombreux sont ceux qui penseraient au contraire que vos déceptions, loin d’ être la résultante de ce que vous brandissez aujourd’hui, seraient dues à votre probable incompétence professionnelle. Qu’en dites-vous ?

Si j’avais été incompétent, je n’aurais pas assumé les fonctions  de chef de continuité d’antenne, chef d’unité de production TV à Maroua, et chef de production TV à Bafoussam.  Au niveau de la désignation des émissions, Je suis à l’origine des noms tels: « le jour du Seigneur » pour les catholiques, le « culte protestant » pour les églises réformées et dérivées, et enfin « connaissance de l’islam » pour les musulmans. Ces marques  demeurent  jusqu’à ce jour. En termes de Réalisation des émissions, je citerai quelques-unes : « Dance Cameroun Danse » pour promouvoir les musiciens locaux, « Télé podium » au palais des Congrès,  des documentaires dont « Les Marchés de l’ouest » en six épisodes avec Crtv_Tv5, « le Sorcier Guérisseur des Wandala », des directs tels la première messe pontificale du Cardinal Christian Tumi à son arrivée à Douala après son sacre à Rome. La Crtv a reçu les félicitations du Vatican pour un direct que j’ai réalisé à partir de la Cathédrale de Mbalmayo. Et il y en a encore de plus exaltants !!!

Vous reconnaissez avoir dit « non » à un lobby au sein de la CRTV …..Pensez-vous quelques années plus tard que tous les déboires subis au sein de cette Entreprise seraient liés à cette expérience là ?

Je refuse de faire le procès de la CRTV. Une chose est vraie, j’y ai été traité avec beaucoup de dédain. Mon parcours parsemé de tumultes dans cette Entreprise en dit long. Ce qui  n’est pas faux  reste mon « Non » à tout ce qui pouvait inféoder mon âme  au profit d’un quelconque privilège. Tout autre commentaire autour  de  ces histoires sordides et rétrogrades  est à ce jour  contreproductif. Ce qui m’intéresse n’est rien d’autre que la liquidation de mes droits.

EN RAPPEL

Après

  • Vincent-Sosthène Fouda Essomba,
  • feu Isidore Modjo,
  • Foly Dirane,
  • Cyrille Kemmegné,
  • Martin Ambang,
  • Boris Bertolt,
  • Honorable Nourane Foster,
  • etc

         Qui chacun à sa manière a fustigé la gestion bancale et moribonde  de l’Institution, voici le tour de  Gilles DIFFO, Réalisateur à la retraite de sortir de sa réserve et de réclamer  à la CRTV le paiement depuis neuf ans (depuis le 31 décembre 2011) de la somme de 69.376.330 Francs repartis ainsi qu’il suit :

  • Arriérés de Salaire : 21. 242.346 F
  • Salaire restant jusqu’à l’âge normal de la retraite : 31.814.100F
  • Indemnités de Licenciement : 9.647.932F
  • Dommages et Intérêts pour licenciement abusif : 6.671.952F

[1] Auteur : LaVoie TheWay, Chambre de Psychologie  – Email: lavoie2theway@gmail.com

http://psydh.com