MAYO-SAVA DANS LA MOUVANCE DE EXTRÉMISME VIOLENT

Cinq personnes âgées entre 45 ans et 65ans, en provenance de DALARI, arrondissement de KOLOFATA, identifiées par nos soins mais qui ont officiellement requis l’anonymat, se sont présentées à nous hier matin 18 juin 2020. Elles étaient porteuses d’une dénonciation contre les Chefs traditionnels Lawane DJOUGOUDOUM de YEGOUA et Brahim Sami DJIDDOUM de DALARI. Ces deux monarques font l’objet d’allégations de complicité de confiscation des terrains de leurs administrés habitant DALARI. Elles nous ont appris, ces personnes dans nos murs, que les populations de ce village ploient depuis plusieurs années sous la dictature ouverte de ces staliniens, non sans souligner que des résistants à leur autorité se sont vus quelquefois injustement accusés d’intelligence avec BOKO HARAM. Réagissant à notre désir de toucher du doigt une parcelle de cette réalité, un cas dont nous nous faisons le devoir de présenter, nous a été soumis à l’occasion.

BABA ABBA FILS D’ABBA BABA, DANS LA CLANDESTINITE APRES AVOIR REÇU UNE CONVOCATION DE LA BRIGADE T. DE GENDARMERIE (BTG) DE KOLOFATA

Nos visiteurs nous apprennent que ce jeune homme est dans la clandestinité depuis bientôt une semaine par peur d’une arrestation arbitraire et pour les raisons ci-après :

  « Le 10 juin dernier, Baba Abba retrouve dans leur champ M. Brahim Oumar, un homme étranger à sa famille, en train de travailler. A la question de savoir ce qui justifie sa présence dans ce champ, M. Brahim Oumar dira sans la moindre hésitation que c’est le Chef Brahim Sami DJIDDOUM de DALARI qui lui en a donné l’ordre (…) C’est alors que Baba Abba lui dira non seulement de gagner le large, mais qu’en plus, aurait-il précisé, ce champ n’appartient pas au Chef, mais à ses parents encore vivants qui y tirent depuis avant sa naissance, toute la substance de leur ravitaillement. » rapporte le plus jeune de nos visiteurs.

« Le 12 juin de la même année, autour de 10h, Baba Abba retrouve à nouveau M. Brahim Oumar dans le même champ. Après un bref échange courtois, M. Brahim Oumar s’excuse et accepte de libérer le champ sans la moindre résistance (…) L’épouse de Brahim et M. Madda, la cinquantaine, habitant gouzoudou et de passage à Dalari sont présents au moment des faits et peuvent en témoigner (…) » nous rapporte nos visiteurs.

 Le plus âgé de nos visiteurs de conclure que « le même jour dans la soirée (ndlr : 12 juin 2020), juste après la prière, Baba Abba reçoit des mains de blama Abba, la Convocation de la Brigade T. de Gendarmerie de Kolofata »

  Face à notre exhortation à encourager Baba Abba à se présenter à la Brigade de Gendarmerie sans la moindre crainte, puisque rien ne filtre des motifs réels de cette convocation. Nos visiteurs à l’unanimité réagissent « Il est convoqué à la demande du Chef et en réaction à la déception de M. Brahim Oumar qui a exigé du Chef, le remboursement de son argent versé en échange du Champ. Il faut donc isoler Baba Abba et permettre au nouvel acquéreur de jouir des fruits de ce champ (…) Nous sommes habitués à ce genre de difficultés (…) S’il se rend, il serait gardé et pourrait se retrouver en prison. Les gendarmes ici sont sans cœur et font toujours la volonté des Lawanes (Chefs traditionnels) C’est pour cette raison que nous avons tenu à vous rencontrer afin de partager avec vous cette énième difficulté qui nous assaillent au quotidien.»[1]

CERTAINS CHEFS TRADITIONNELS DANS LE MAYO-SAVA, CATALYSEURS DE EXTRÉMISME VIOLENT.

            En attendant la vérification des faits décrits plus haut, nous nous abstenons de prendre position. Cependant, notre active, permanente et inoxydable expérience d’au moins une décennie dans la localité, force à penser que les craintes, les cris, la déconvenue et le désespoir des populations locales, fortement exprimées par nos visiteurs suscités, ne sont pas loin de la réalité. Il se passe dans le mayo-Sava, un apparent mépris des masses qui sont à longueur du temps vilipendées par les tenants du pouvoir de l’Etat. C’est bien regrettable de le dire. L’autorité publique fait langue avec les autocrates traditionnels jamais punis après leurs forfaits et qui trop souvent influencent faute simplement de court-circuiter les procédures judiciaires. Toutes choses et bien pire encore qui poussent ces masses à cristalliser au jour le jour leurs déboires. Etat d’esprit assez délicat et fragilisé par un séisme psychique à douce amplitude certes, mais dont les répercussions Ô combien pathétiques, ont des fois amèrement affecté la paix civile quelque part dans le monde. L’on sait aussi comment sont nées certaines révoltes populaires qui ont douloureusement marqué notre humanité. Pensons-en en pansant nos plaies qui suintent. Nous aurons largement préservé la paix chez nous, en nous et autour de nous. Par-dessus tout, nous affirmons sans jambage que certains Chefs Traditionnels dans le Mayo-Sava de par leur arrogance et l’impunité dont ils font l’objet, hébergent sous le regard complice et/ou admiratif des tenants du pouvoir de l’Etat, des germes de l’Extrémisme violent. Quelques faits non exhaustifs et des plus récents nous confortent dans cette position.

LE 12 FÉVRIER 2020 :

WAZIRI DAMZAM. Ex- Enseignant-auxiliaire recruté au sein de l’Ecole Publique de MAKOULBE, Canton de BALDAMA, arrondissement de Mora, département du Mayo-Sava est arrêté et placé en garde-à-vue dans les cellules de la BTG de Mora. Motifs : Violences, coups et blessures, destruction et confiscation du matériel de l’Ecole, Troubles et insécurité dans l’enceinte de l’Ecole (qui causent une année blanche 2018-2019 à 240 élèves de cette Ecole), Son mentor, Sa Majesté ZOULGO KOLA, Chef de Canton de BALDAMA se présente à la BTG et obtient sa libération sous le regard impuissant de ses victimes. Après la Gendarmerie, c’est le Parquet qui est saisi. Bonnet Blanc, blanc bonnet. Le Substitut n° 5 qui est chargé de piloter le dossier opte pour un arrangement à l’amiable sans le consentement de la victime. Ainsi prend fin l’épisode.

Le 24 Mai 2018, nous écrivions :

« Mlle H. PAULINE, 14 ans, candidate à l’Examen C.E.P session de juin 2018 nous préoccupe. Elle est issue de l’ethnie OULDEME (Mayo-Sava) et de confession chrétienne de l’UEEC (Union des Eglises Évangéliques du Cameroun). Son père se nomme Jean HOURGA et sa mère FADI, tous domiciliés au quartier G. (sultanat de Mora). H. PAULINE se retrouve contre sa volonté, depuis le 16 Mai 2018, la cinquième épouse de Sa Majesté J. , Chef du quartier G. Une fois de plus, nous réagissons. Les Affaires Sociales et Magistrats de Mora sont informés de cette forfaiture. Mais à ce jour, c’est un silence cadavérique qui plane. Pauline H. est et demeure dans les serres de son époux-fort. »

LE 03 JUILLET 2018 :

M. MEGEME VITALA, né vers 1987 à MALMOURY, Arrondissement de Kolofata, département du Mayo-Sava est placé en détention provisoire au sein de la Prison Principale de Mora. Et pour causes ? Il est accusé par M. ALKALI GUIDADAG, son cousin et Chef de quartier d’avoir par des actes de violences, courant Juin 2017, perturbé la paix publique, détruit sa plantation de mil, menacé à l’arme blanche ses employés sur une aire qu’il occupe paisiblement, etc. Après une procédure entachée d’irrégularités (dénoncées en son temps par nos soins), il est condamné à neuf mois de prison. Sorti des geôles, il contre-attaque en portant plainte à son tour contre son bourreau d’hier. Il démontre dans sa plainte que la terre querellée est bel et bien un héritage à lui légué par son père et non un bien de M. ALKALI GUIDADAG, son cousin et Chef de quartier. La BTG de Kolofata saisie n’a jamais ouvert l’enquête depuis plus d’un an, pendant ce temps il fait l’objet de pression du Président de Tribunal qui menace verbalement de le renvoyer en prison au cas où il n’aurait pas réparé le préjudice subi par le plaignant d’hier (M. ALKALI GUIDADAG).

DEPUIS 2014 :

Le Chef du groupement de Kourgui, M. OUMATE brille par des actes (toujours dénoncés auprès des autorités administratives et Judiciaires) qui oscillent entre des Tentatives d’assassinat armé de son Pistolet Automatique, Violences sur patriarches/matriarches, Injures publiques, menaces ; Troubles de jouissance,  confiscations et revente des terrains, destructions des biens, gardes-à-vue de ses administrés dans ses cellules, Récurrentes Violations du protocole, Détournement des denrées alimentaires destinées aux déplacés et des dons destinés aux Comités de Vigilance, etc. mais est resté impuni sous le regard de ses victimes dont l’effectif croît du jour au lendemain.


[1] Interprète : MAMAT Bakary

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