Il y a un mois et plus précisément le 19 Mars dernier que le Tchad et le Cameroun fermaient leurs frontières terrestres, en réponse aux mesures conservatoires face à l’expansion dévastatrice du Coronavirus. En dépit de la rigueur qui accompagne ces mesures, les deux pays frères sont convenus pour des raisons purement humanitaires, de ce que les marchandises continueront de circuler dans les deux sens de leurs frontières communes. Tout véhicule impliqué dans ces transactions de marchandises, ne devrait cependant pas transporter à son bord, plus de deux personnes, y compris le conducteur. Aussi devrait-on souligner qu’en marge de ces mesures communes, le Chef de l’État Tchadien a posé entre autres, trois actes forts : Dans un premier temps, il a rappelé au bercail près de deux mille tchadiens étudiant dans des universités et Instituts Camerounais. Ceux-ci regroupés au sein de l’Université de Koufra ont regagné leurs familles respectives après avoir été déclarés tous négatifs aux tests Covid19. Par la suite, il a non seulement offert à ses compatriotes démunis, un fonds de solidarité de Cent milliards de francs, mais aussi a-t-il gracié mille six cents prisonniers au rang desquels, deux-cent-cinquante Camerounais. Et c’est à partir de cet instant que soufflent des vents de déconvenue des Camerounais dirigés contre leur ambassadeur au Tchad.
« La prison n’est pas l’antichambre de la mort et le Président Idriss Déby Itno vient de le démontrer en nous mettant à l’abri du pire qui pourrait survenir (..) Nous sommes plusieurs centaines de Camerounais qui profitons de cette largesse du Président Tchadien (…) » nous apprend DAVE LINVINGSTONE l’un des Camerounais graciés. Toutefois, ce trentenaire Ingénieur-Marketing diplômé de l’ESSEC[1] de Douala ne cache pas son mécompte vis-à-vis des autorités Camerounaises en poste au Tchad qui selon lui, sont informées de leur situation critique au Tchad et « refusent d’engager des négociations avec l’État tchadien dans le sens de faciliter » leur retour au pays. « Nous courrons le risque d’être appréhendés et renvoyés en prison pendant cette période de confinement qui part de 20h à 06h » précise-t-il.d’une voix rauque et titubante.
Cependant n’ayant pas pu rencontrer le Chef de la Mission diplomatique Camerounaise dans ce pays, un diplomate Nigérien qui a requis l’anonymat réagit à cette actualité et nous rappelle que « sur la base du droit, ces Camerounais graciés par le numéro un Tchadien, ne pourront pas à l’état actuel, traverser la frontière » non sans souligner avec beaucoup d’amertume que « de nombreux diplomates africains en général et Camerounais en particulier, habitent la ville Camerounaise de Kousseri et depuis le vendredi 20 Mars dernier, ils n’ont pas été autorisés à regagner à partir du Cameroun, leurs lieux de travail au Tchad, la frontière étant fermée (…) ». Lecture remise en question par Mme Inès NEUTELOUM, fonctionnaire Tchadienne avisée des questions diplomatiques qui contredit le précédent interlocuteur lorsqu’elle déclare: « Un immigrant en situation irrégulière dans son pays d’accueil, comme c’est le cas de nos frères Camerounais graciés, ne saurait être interdit de regagner son pays d’origine dès lors qu’il n’encourt aucun risque d’être arrêté par les autorités dudit pays (…) C’est une question soluble qui devrait être initiée par S.E.M Mohaman Sani Taminou, L’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Cameroun au Tchad, si les concernés en font vraiment la demande »
[1] École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales.