IL

  • Empêche le déroulement d’une enquête initiée dans l’arrondissement de WATE par la « Human Rights Monitoring », Organisation de Promotion des Droits de l’Homme ;
  • Interpelle et place en garde-à-vue M. Evariste BOUBA ;
  • Déclare « faux » ses documents de travail ;
  • Confisque sous fond de menaces et injures devant témoins, sa moto et matériel de travail…

ENTRETIEN

Evariste BOUBA

Que peut-on retenir de votre identité ?

Je suis Evariste BOUBA[1], responsable de l’association Human Rights Monitoring pour l’Arrondissement de Touroua, avec compétence dans la Région du Nord.

Etes-vous connu des autorités locales ?

Naturellement au niveau de Touroua et par voie de courrier au Niveau de la Préfecture de la Bénoué. Je voudrais d’ailleurs préciser que dans le cadre de nos activités, mon équipe et moi avions été reçus à la Compagnie de Gendarmerie et à l’Antenne SEMIL du Nord, à Garoua.

Comment arrive l’incident du 07 Février dernier à WATE ?

Nous sommes informés la veille qu’un quinquagénaire très influent dans un village dont je tais le nom, est accusé d’avoir sodomisé à plusieurs reprises un garçonnet d’environ 07 ans et une fillette un peu plus jeune. Ceux qui nous appellent disent détenir des preuves tangibles contre le présumé pédophile, mais ont peur de le dénoncer. Les victimes sont orphelines. J’exige de rencontrer les parents adoptifs et ces enfants, mais loin du village. Un rendez-vous est pris à WATE le 07 février dernier juste après la prière du soir (ndlr : 18h30). Chemin faisant, je rencontre peu après 16h, au niveau de WATE, le Gendarme MOHAMANE seul au poste de contrôle. Il exige les pièces de la moto. Elles sont incomplètes. Et du coup il déclare : « pourquoi avez-vous écrit contre moi (…) Le Commandant de Brigade a besoin de vous ? ». Au niveau de la Brigade, le patron devant témoins, parmi lesquels le Lamido de WATE, dit entre-autres : « Qui êtes-vous, pour écrire contre les gendarmes ? », « On vous fabrique de fausses cartes et vous accrochez au cou comme si vous étiez important », « Vous pensez que ce que vous faites là, c’est une profession ? », « Je vous mets en garde-à-vue et dans trois jours, tu seras conduit devant le procureur (…) »

Combien de temps avez-vous passé en cellule ?

Juste quelques instants puisque le Lamido de WATE sur place a fait comprendre aux gendarmes que mon arrestation était injuste. Il leur a dit qu’on ne pouvait pas me garder au même moment où ma moto et mes pièces d’Identité étaient confisquées. Et de conclure que si c’est au sujet des pièces incomplètes de moto, personne n’est en règle dans la ville de WATE. C’est ainsi que je suis libéré autour de 19h30 avec uniquement ma Carte Nationale d’Identité. Le reste dont ma Carte Professionnelle étant conservé à la Brigade. J’ai dû parcourir à pied et de nuit, les 25km qui me séparent de mon domicile dans le département de la Bénoué.

Que vous reproche-t-on en fait ?

Pièces incomplètes de la moto et apparemment je fais l’objet d’un Règlement de compte….

Quel compte ?

En début d’année 2019, j’ai dénoncé avec preuves de nombreux gendarmes et militaires qui rendaient la vie difficile aux populations du Nord en général : Corruption et confiscation des biens ici, bastonnades et autres formes de tortures là-bas. Après cela, la PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE a instruit une enquête. En Décembre 2019 mon équipe et moi avons reçu des Enquêteurs de la SEMIL (Sécurité Militaire) arrivés de Yaoundé. Le 16, nous étions à TOUROUA dans la BENOUE et le 17 à WATE dans le FARO…Les mis en cause présents ont été tous entendus. Ceux qui me rendent la vie dure aujourd’hui à WATE n’ont pas apprécié cela.

Du 07 Février dernier à ce jour, comment l’affaire a-t-elle évolué ?

C’est calme. Surtout que le CB (Commandant de la Brigade) m’avait dit de repasser le Lundi suivant…Ce que je n’ai pas fait.

Pourquoi ?

Je me suis senti en insécurité et il fallait informer ma hiérarchie afin que l’on procède autrement.

Le Gendarme MOHAMANE savait-il que vous alliez mener une enquête ?

Non…Il ne le fallait même pas. Les populations qui nous saisissent n’ont pas accepté passer par la gendarmerie de WATE comme nous avions souhaité. Elles disent que cette unité est saturée de corruption et pourrait « noyer » leurs intérêts.

Et la suite des allégations de viols sur mineurs ?

Je n’ai pas pu honorer le rendez-vous suite à tout ce que j’ai subi : Tortures psychologiques, Carte Professionnelle Confisquée, Moto saisie…Les familles arrivées au lieu de rendez-vous et épuisées après des heures de marche à pied, m’ont en vain attendu et probablement auraient douté de mes réelles intentions. Et plus tard, croyant relancer l’enquête, l’un des parents adoptifs me dit au téléphone que cela ne vaut plus la peine.  « L’affaire a été remise à Dieu ! ».

Propos téléphoniques recueillis le 03 Mars 2020

Par Louis HEROS


[1] Téléphone n°

http://psydh.com