La nuit du 22 au 23 Janvier restera l’une des plus longues pour de nombreux déplacés internes qui chaque soir doivent partir de leurs villages pour trouver refuge dans la ville de Mora.
En effet, de nombreux villages des arrondissements de Kolofata et de Mora sont chaque nuit, depuis plus d’un an, l’objet des attaques des présumés combattants de boko Haram qui y entrent, pillent et tuent sans en être le moins inquiétés. Conscients des risques, des centaines de familles doivent libérer les lieux et n’y retourner que les matins. De nombreux sites dans la ville de Mora leur servent d’accueil. Certains et pratiquement la majorité y vont à pied au moment où, d’autres mieux nantis se déplacent à motocycle. C’est donc pour des raisons assez justes pensons-nous, que les forces de Défense et de de Sécurité organisent au petit matin du 23 janvier dernier, au quartier N’Djamena, l’un de leurs sites, un contrôle musclé. Les déplacés qui au réveil ne se doutent de rien sont surpris au moment de faire chemin retour au bercail, par une escouade d’hommes armés et issus de l’armée de terre, Gendarmerie Nationale et police. La zone est bouclée. « Le coin est gâté ». Survient un contrôle systématique des pièces d’identité et des engins. Chaque déplacé passe au filtre. Ce qui est d’ailleurs très intéressant. Mais c’est ignorer aussi l’agenda caché de ces hommes qui ne perdent pas du temps pour assouvir leurs vils désirs, « Chasser le naturel, il revient au galop » ne dit-on pas !. Tout défaut de pièces de moto fait l’objet de sa saisie. Faute de verser vingt-mille francs sur place en contrepartie de ladite saisie, la moto est mise en fourrière. « J’étais obligé de rentrer au village chercher l’argent avant de prendre ma moto », nous rassure KAMPETE, commerçant de 32 ans au sortir du Commissariat de Sécurité de Publique autour de 13h le même jour qui en outre souligne sous un ton ironique qu’« ils ont refusé de me donner le reçu quand j’ai donné ma part de vingt-mille francs ». Entre-temps, une source digne de foi laisse entendre que cent-soixante-deux motos ont été saisies et restituées le même jour à leurs ayants-droit. Toutes choses qui ressemblent à une véritable séance de pêches en eaux troubles quand on sait ce que ces populations endurent depuis que dure la crise. Comment ne devrait-on pas concomitamment avoir une pensée pieuse pour ces enfants issus des milieux démunis et incapables de faire le déplacement de Mora chaque soir et retourner le lendemain, mais qui sont morts des suites de morsures de serpents sur les rochers qui leur servent désormais de lit ? Et si ce contrôle s’inscrivait dans la légalité, pourquoi exclure la délivrance des reçus contre payement de vingt-mille francs pour chacune de la centaine des motos saisies ? Pourquoi cibler exclusivement ce segment de motocyclistes et ce jour-là, alors que la même opération produirait dans la ville plus de dividendes à ces vigorous fishermen, entendez vaillants pêcheurs ?