Depuis quelques jours, de nombreux artistes-musiciens font l’objet des mesures restrictives dans le cadre de leur prestation en Europe. Ceci ferait suite à leur soutien très ouvert au Candidat Paul Biya. Il découle des réactions enregistrées ça et là que les artistes indexés auraient affiché leur dédain vis-à-vis des revendications de l’opposition qui accuse le pouvoir d’avoir « volé sa victoire » au cours de la dernière élection présidentielle. Peu importe la véracité ou non des motivations qui nourrissent cette crise, ce qui est troublant est de constater que la musique est traînée dans les rigoles qui côtoient le perron de nos chapelles politiques, à défaut d’être simplement aux ordres de nos clivages ethno-tribaux. Non, soyons indulgents, soyons tolérants. Cette guerre qui oppose nos artistes-musiciens aura l’imprudence de pénaliser toute notre culture et ses acteurs partisans ou opposants de Biya en payeront le prix.
Prince Nico Mbarga André-Marie TALA
Paul BIYA, le Président de la République arrive au pouvoir après que Prince Nico MBARGA et André Marie TALA pour ne citer que ces deux cas, eurent produit au premier trimestre de l’an 1980, deux titres dithyrambiques à l’endroit d’Ahidjo. « Le père de notre pays, le Cameroun » pour le premier et « 20 ans de progrès, Ahmadou Ahidjo » pour le second devenu le générique des journaux parlés au Cameroun jusqu’à une certaine date.. Prince Nicolas MBARGA né d’un père Camerounais (du village SAÏBONG, non loin de NKOABANG, Sur la route d’AKONOLINGA) et d’une mère nigériane, n’a jamais souffert au Nigeria son pays de résidence, pour avoir reconnu le Cameroun comme étant son pays lorsqu’il chantait :
« Le père de notre pays, le Cameroun,
Qui nous a dirigés,
Plusieurs années,
Ahmadou Ahidjo (…) ».
Décédé le 24 Juin 1997 suite à un accident de circulation, il n’a non plus souffert des proches de Biya, pour n’avoir pas chanté (aussi) pour ce dernier. Après « 20 ans de progrès, Ahmadou Ahidjo » André-marie TALA est resté une icône Camerounaise, aimée et admirée par M. Biya dont l’épouse plusieurs fois a assisté aux Concerts. C’est aussi rappeler que l’artiste en principe est libre de voguer dans n’importe quel sens politique. Accordons-lui cette liberté. A chaque artiste de rester courtois en évitant de faire de son penchant politique, un relief de nuisance. A propos, nous avons regretté la sortie d’un musicien Camerounais qui, agissant pour le compte d’une CONFRÉRIE D’ARTISTES, s’est livré à une diatribe à l’encontre de l’opposant politique le plus médiatisé de l’heure. Cet opposant est présenté comme étant l’épicentre de l’imbroglio qui règne entre nos musiciens. Et l’on se demande pourquoi est-il si facile de trouver toujours des boucs-émissaire au moment où s’effiloche notre aptitude à convaincre ?
Lapiro de Mbanga et François Nkotti
Nous avons connu LAPIRO de MBANGA, farouche opposant à M. Biya, manger à table avec NKOTTI François, musicien de renommée internationale et Maire-RDPC. Un bel exemple qui nous pousse à nous demander les raisons pour lesquelles aujourd’hui, l’on devrait punir celui qui ne partage pas les mêmes opinions que nous ? En quoi est-ce que les sanctions occidentales contre ces artistes-musiciens, changeraient-elles les résultats officiels de l’élection présidentielle du 07 Octobre dernier ? Les musiciens sont des ambassadeurs culturels identifiés à travers leur nationalité et jamais sous le couvert de leurs religions, de leurs origines tribales encore moins de leurs chapelles politiques respectives. C’est dire que la stigmatisation en cours de certains de nos artistes n’est ni plus ni moins, le point de départ de notre collectif déclin.
Emmanuel MOMO