La ville de Mora nous sert une fois encore, en l’espace d’un an, des images perfides, aigres et vexant d’un mariage précoce et « béni » entre une fillette de 14 ans, élève du CM2 à l’École Publique du Sultanat et un Chef traditionnel pédophile de la place…
L’Affaire
Mlle H. P. , 14 ans, candidate à l’Examen C.E.P session de juin 2018, de l’ethnie OULDEME ( Mayo-Sava) et de confession chrétienne de l’UEEC ( Union des Églises Évangéliques du Cameroun), fille de Jean H. et de Fadi, tous domiciliés au quartier GOMBEDJE ( sultanat de Mora), est depuis le 16 Mai 2018, la cinquième épouse de Sa Majesté J. , Chef du quartier G.
Le Parquet d’Instance de Mora et le Sous-Préfet saisis par notre dénonciation, ont choisi le silence…
DÉNI DE JUSTICE OU IMPUNITÉ ?
LES MÊMES CAUSES DEVRAIENT PRODUIRE LES MÊMES EFFETS….
Le 22 Mai 2017, nous écrivions :
« LA CONSÉCRATION DE L’ERE MÉDIÉVALE
Lorsque l’onction du Parquet d’Instance de Mora, viole les textes de la république et autorise le mariage précoce d’une mineure…
Il ne faut surtout pas se taire !
LES FAITS
- Mlle FADIMATOU , 15 ans fréquente la classe de 4è au Lycée Bilingue de Mora. Son âge apparent lui en donnerait moins..
- Elle est née des œuvres de M. et Mme F. tous domiciliés au quartier SANDALE – MORA ville.
- Ces parents depuis plus de six mois, contraignent leur progéniture à céder à la demande de mariage de M.B. Le refus de celle-ci lui vaut entre-autres humiliations familiales, quelquefois bastonnades, interdiction de fréquenter le 3è trimestre dans une classe où, elle compte parmi les plus brillants.
- Entre le 15 et le 19 Mai, la pression monte. Le Parquet est saisi. Les parents sont convoqués et mis en garde. Ceux-ci saisissent le Sultan de Mora, qui se déclare incompétent tant est-il que le Parquet était déjà saisi de la même affaire.
- Le 19 Mai, les parents « défient » la Justice et célèbrent le mariage. La jeune Magda est depuis cette date et peu après 09h15, dans les antres de son désormais foyer.
CONTRADICTION / MANIPULATION ?
- Informé de la tournure de la situation, le Parquet a laissé entendre par la voix de Mme le Substitut qui suivait l’affaire que le Procureur dit avoir « reçu la fille et son père la veille (18 Mai) ». Celle-ci lui aurait dit qu’elle était consentante pour le mariage et par voie de conséquence désistait suite à sa plainte.
- Ce qui justifie (rait) le refus du parquet de s’opposer à ce mariage.
ASTUCE
- Une source proche de l’adolescente laisse entendre que sa famille aurait brandi à la face du Procureur, un Acte de Naissance qui renseigne de ce que, celle-ci serait âgée pas de 15 ans, mais de 17. Démonstration qui aurait convaincu le premier policier du département à céder.
PROBLÈME
- Cette affaire fait étalage d’une certaine légèreté avec laquelle elle a été gérée.
- La fille qui dit avoir 15 ans, s’est de manière courageuse opposée à ce mariage à travers un « NON » devant le Substitut du Procureur et ses parents. C’était le 16 Mai dernier.
- Si plus tard, la famille (aurait) dit brandissant un Acte de Naissance, qu’elle est de deux ans plus âgée, c’est déduire une chose des deux suivantes: Soit elle a double identité et sur ce point ses parents devraient répondre. Soit elle a réellement 17 ans et logiquement n’est pas « éligible » pour le mariage. Les textes sont clairs.
- Justifier son non opposition due au fait que la mineure et son père seraient venus désister, fait penser que le Parquet d’Instance de Mora est en déphasage avec l’ère du temps. Justement parce que nonobstant ce qui s’apparente à un désistement et au consentement (arraché) de MAGDA, le mariage d’une mineure reste proscrit. Et le cas de figure ne présente pas l’exception dictée par la même loi. Que se serait-il donc réellement passé le 18 Mai pour justifier cet exceptionnel dérapage du Parquet ?
De ce qui précède, l’appareil judiciaire en sort affaibli et le bal des mariages forcés ennobli. Nous estimons qu’il est temps que ce dossier soit revisité, la loi appliquée à la lettre afin de dissuader ces autres parents « retardataires » prêts à pérenniser une pratique qui nous ramène à plusieurs siècles en arrière … Même si la jeune Lycéenne FADIMATOU devrait logiquement retourner chez ses parents, peut-être infectée (aucun examen médical prénuptial n’ayant été exigé par sa famille), cela vaudrait la peine pour que PLUS JAMAIS CA ! »
UN AN PLUS TARD (22 Mai 2017 – 24 Mai 2018)
La justice de notre pays aurait du plomb dans l’aile et cela pour deux raisons :
- Sur haute instruction du MINJUSTICE et ce depuis l’an 2017, cette affaire devrait être jugée et les acteurs de ce bal suranné punis. A notre connaissance, c’est la sérénité dans la famille de la victime et dans les rangs de ses parents coupables qui jubilent. Pourquoi jubileraient-ils ? En fait, Imposer son rythme au Parquet en envoyant sa fille mineure en mariage est autant un exploit que d’empêcher le même parquet à juger la même affaire, en dépit de la protestation du MINJUSTICE. Aussi, attendre un an sans juger cette affaire pourrait-il se justifier par des raisons techniques dont seul le parquet aurait le secret. Auquel cas, que vaudraient nos cris ? que vaudraient nos dénonciations qui reposent sur notre ignorance des questions procédurales ?
- Dans tous les cas de figure, nous restons sous le prisme du bon sens obligés de reconnaître que le tribunal de Mora fait preuve d’inertie autour de cette affaire. Ce qui ne résout aucun problème si c’en n’aggrave plutôt pas. Et ce cas qui fait d’une élève du CM2, quatorze ans, la cinquième épouse d’un chef traditionnel ressemble à la consécration de cette impunité qui condamne définitivement les filles-mineures. C’est une évidence. C’en est une réalité.
Pourquoi les magistrats de Mora refusent-ils de se pencher sur ces cas? Pourquoi le procès de Fadimatou s’est-il ouvert après que nous ayons dénoncé le deuxième cas, celui de la jeune élève du CM2, soit un an après que le mariage de Fadimatou ait été consommé ? Pourquoi le Sous-Préfet et Responsable des Affaires Sociales saisis pour le deuxième cas ( celui de l’élève du CM2), ont-ils préféré le silence à l’action ? Le Cameroun est-il gouverné?