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Copie CNI de Mustapha Ali, mort de tortures

Mustapha Ali, 35 ans, polygame et père de 13 enfants compte parmi les 22 suspects appréhendés par le B.I.R à Yegoua, (Arrondissement de Kolofata) le 21 Juin 2018. Libérés le 28 Juin dernier après plusieurs jours de tortures, MUSTAPHA ALI rend l’âme dans le véhicule militaire qui les ramenait de Kolofata à Yegoua.

L’Observatoire Droits de l’Homme était à Yegoua et dénonce

  • Le Bataillon d’Intervention Rapide (B-I-R) et le devoir d’enquête.
  • Les militaires du BIR torturent ;
  • Les militaires du BIR ont tué ;
  • Les militaires du BIR cèdent au pillage.
  • Les militaires du BIR seraient des receleurs.

YEGOUA, DU 21 AU 28 JUIN 2018

SOUS L’ORAGE DU

BATAILLON D’INTERVENTION RAPIDE   (B-I-R)

 

  • Le Bataillon d’Intervention Rapide (B-I-R) et le devoir d’enquête.

Jeudi 21 Juin dernier, le BIR encercle le lieu-dit Yegoua et soustrait de chaque maison ses occupants. Près de 450 hommes sont dirigés vers la route de Gansé et les femmes à quelques mètres des maisons. Puis commence la fouille des maisons et le passage au filtre de tous les hommes. Il faut souligner que deux personnes masquées et arrivées sur les lieux avec le B.I.R sont présentées comme étant des ex-membres de Boko Haram, arrivés ce matin-là à Yegoua, dans le but de faire arrêter leurs complices cachés dans ce petit village. Les deux personnes sont installées dans un pick-up blanc à vitres fumées du B-I-R stationné au bord de route. Le filtre consiste à faire passer devant le pick-up chaque homme habitant Yegoua. Les deux indics alors doivent dire à L. [1] (sobriquet d’un militaire du BIR, toujours en civil et qui serait Capitaine de grade) si oui ou non, untel serait ou non, un ex-boko haram. Au bout de cette opération, 22 personnes sont arrêtées et conduites au camp BIR de Kolofata..

  • Les militaires du BIR torturent

Il faut souligner que les 22 personnes arrivent au Camp BIR les yeux bandés. Une fois dans les locaux du BIR, le bandeau est dégagé. L’un des deux indics qui ont permis de faire arrêter les 22 suspects est présenté à eux. Nos sources nous apprennent que celui-là se prénomme PAUL, originaire de l’ethnie Moktélé dans le Mayo-Sava. Dans un premier temps, PAUL dit ne pas reconnaître certains. C’est ainsi qu’il aurait reçu une gifle de L.  et aussitôt change d’avis et déclare tous les 22 membres de la secte Boko Haram. C’est au tour de L. d’arracher les aveux. Du 21 au 23 Juin, chacun des 22 est soumis à une rude torture qui se présente comme suit :

  • Chacun est déshabillé ;
  • Jambes liées et accrochées au mur vers le haut ;
  • Têtes pendantes vers le bas ;
  • Pendant la bastonnade à l’aide d’une planche ou machette, le présumé terroriste est arrosé d’eau laquelle par moments passe par les narines et étouffe.
  • La torture prend fin après que le supplicié ait répondu à l’affirmative à la question suivante : « Combien d’années as-tu passé à Sambissa[2]? ». Il faut l’avouer et donner une durée !
  • Les militaires du BIR ont tué…

Le  28 Juin, les 22 sont libérés. Au cours de leur transfert de Kolofata à Yegoua, à bord  d’un véhicule militaire de six roues, MUSTAPHA ALI, 35 ans, polygame et père de 13 enfants décède. Le constat est fait lorsqu’autour de 14h30, le véhicule débarquait les 22 présumés terroristes. Entre-temps, MUSTAPHA ADJI, 26 ans, polygame de 4 enfants et l’un des 22 est agonisant aux urgences de Maroua.

  • Les militaires du BIR cèdent au pillage.

Suite aux fouilles du 21 Juin et après que les militaires aient emmené les 22 suspects, femmes et hommes de retour dans leurs cases, constatent que les militaires ont emporté leurs biens. Entre-autres : Argent (centaines de milles), Téléphones portables, Cartes mémoire, Radiorécepteur, etc. Et nous nous demandons pourquoi les militaires ont-ils choisi de fouiller en l’absence des occupants, si l’intention n’était pas la mère du pillage qui leur est reproché ?

  • Les militaires du BIR seraient des receleurs.

Autour du 23 Février dernier, aux environs de minuit, le village Yegoua est attaqué par des présumés membres de Boko Haram. Un jeune de 18 ans et un vieillard de 85 ans sont assassinés, 04 motos emportées. Vers mi-mars, monsieur LION est aperçu roulant à bord d’une des quatre motos volées. Cette moto rouge est de marque HONDA-KASSEA. Informé de’ la rumeur qui fait état de ce qu’il roule sur une moto volée, L.  fait appel au propriétaire.  Tous roulent à bord d’un Pick-up militaire de l’entrée de la Chefferie de Kolofata lieu de leur rencontre, vers la Tribune. L’entretien tourne aux menaces de L.  qui aurait dit au  propriétaire ceci : « Si je décide de te garder, personne ne saurait ta position.(…) J’ai arraché cette moto des mains d’un BH que j’ai tué et qui scandait ton nom(…) Garga ! Garga ! Garga ! ». Et notre question est simple : Pourquoi n’avoir pas remis la moto à la Brigade de Gendarmerie de Kolofata pour enquêtes ? Où seraient les trois autres motos ? Pourquoi n’avoir pas restitué à Garga, sa moto ? Et bien d’autres questions !!!!

 

[1] Présenté comme étant  proche parent d’un Général de Brigade en poste dans l’Extrême-Nord

[2] Camp d’Entraînement de Boko Haram, situé au Nigeria

 

LA CELLULE D’INVESTIGATION

 

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