Scène de tortures militaires…dans le NOSO
LONGUE LONGUE fils du Gendarme-Major à la retraite Siddick ZIGUELA est accusé par son géniteur d’avoir soustrait et vendu des pièces de son véhicule (garé depuis près d’une décennie). Dans le souci d’y voir clair, l’Officier de Police Judiciaire retraité sollicite les services des marins basés à Maga. Ceux-ci sans se faire prier, procèdent à une enquête musclée qui aurait abouti à l’identification des présumés acheteurs de ces pièces de véhicule. Des interpellations et tortures s’en suivent. Femmes et hommes sont confondus dans ce « forum » d’une autre ère. Le Commandant de la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Maga s’interpose, mais n’est pas suivi par ces militaires qui l’auraient repoussé en ces termes : « Laissez-nous achever notre boulot ». Des victimes racontent leur cauchemar !
1ERE VICTIME :
Il s’appelle DAÏROU HAMADOU, 27 ans, domicilié au quartier GUIDEBA (Maga), débrouillard.
DAIROU HAMADOU
ENTRETIEN
Qu’est-ce qui s’est passé le 13 Juin dernier et comment vous êtes-vous retrouvé dans les filets des militaires ?
Nous sommes en plein marché lorsqu’un pick-up conduit par un militaire gare devant nous. Cette voiture transporte de nombreux militaires, quelques jeunes et deux dames que nous reconnaissons. Ces militaires environ dix, porteurs chacun d’un fusil descendent du véhicule et nous demandent « qui parmi vous s’appelle Boblo le taximan ? ». Face à notre silence, ils se retournent vers Longue Longue, l’un des occupants du véhicule à qui la même question est reformulée. Longue Longue sans hésiter me pointe du doigt et sur place les militaires me demandent de les suivre. Je tente de résister en demandant les motifs de mon interpellation. Les militaires réagissent plus férocement. « Pas d’explications (…) Allez monter vite. (..) On va au Camp »
Avez-vous une idée de l’identité et de l’âge apparent des occupants du pick-up qui vous conduit au camp de la marine ?
Sauf erreur d’appréciation, il s’agissait pour les hommes de :
- Djibrila, Bornoi, environ 27 ans, vendeur de pain ;
- Longue Longue, Musgoum, environ 15 ans, Voleur ;
- Maïna, guiziga, environ 22 ans, boucher ;
- Moi-même, kotoko, 27 ans, transporteur moto.
Pour les femmes, il s’agit de :
- Mme Habiba, guiziga, la trentaine sonnée, commerçante ;
- Mme Rosaline SINTIA, Massa, 28 ans, la vingtaine sonnée.
Pour les militaires,
- je n’ai reconnu que celui qu’on appelle AZIZ
Qu’est-ce qui se passe dès votre arrivée au camp de la marine ?
Les trois autres hommes et moi sommes brutalement poussés dans les locaux des militaires qui nous demandent de nous déshabiller et de nous coucher à plat ventre. C’est dès cet instant que la violence commence…
Comment se déroule-t-elle, cette violence ?
Les militaires nous ont arrosé un mélange d’eau, plus urines plus sable avant de nous infliger à tour de rôle bastonnades à l’aide de machettes pour certains et ceinturons pour d’autres.
Combien de temps dure cette épreuve ? Et quel était le sort des deux dames ?
Je ne sais pas combien de temps a duré cette bastonnade…. Environ une dizaine de minutes je pense. S’agissant des deux dames, chacune d’elle portait sur la tête un casier de bière vide de bouteilles, mais plein de pierres avec lequel elles tournaient sur place. Je dois rappeler qu’après la bastonnade, les militaires nous ont obligé (Longue Longue et moi) de tenir dans nos mains de lourds amortisseurs de camions, avec lesquels nous faisions des marches semblables au défilé militaire en chantant l’hymne national.
Comment arrive votre libération ?
Mon ami et mon beau-frère ont cotisé la somme de 21.500F qu’ils ont remis au chef des militaires.
Comment s’appelle-t-il ? Quel est son grade ?
Je ne connais pas son nom. Mais il porte sur les épaules, une barre jaune et une étoile (ndlr : Sous-Lieutenant et pour la marine = Enseigne de Vaisseau de 2è Classe).
Entretien et traduction réalisés à Maga le 23 Juin 2018
Par La CELLULE D’INVESTIGATION
PS: La suite des Entretiens dans notre prochaine publication.