Voici quatre ans que durent les premières interventions des ONG internationales dans le cadre du soutien humanitaire en faveur des réfugiés déplacés, retournés, etc. Si dans tous les sens, ce soutien est salué, encouragé, et devrait perdurer, il va de soi que des ratés de cette entreprise méritent d’être dénoncés. L’objectif n’étant pas de remettre en question l’initiative encore moins ses résultats, mais surtout de dire qu’il y a des pêcheurs en eaux troubles ou mieux des sangsues qui devraient être extirpées de l’écurie. Faute de le faire, nos ONG donneraient l’impression d’avoir dit A et fait B…C’est à ce titre que nous recevons comme invité, M. BOUKAR MAHAMA dit Ziko. Ce quadragénaire a le mérite d’être avant tout un acteur de la vraie opposition politique Camerounaise (depuis 1990, alors qu’il fréquente la classe de 3è), mais aussi et surtout, l’une des principales chevilles ouvrières de l’Observatoire droits de l’homme dans le Mayo-Sava.
Entretien
2017 vient de tirer sa révérence, nous en sommes aux premières lueurs de la nouvelle année 2018. Quel bilan faites-vous du soutien des ONG en faveurs des déplacés, retournés, etc. ?
Il serait malpropre de ne pas reconnaître les bienfaits de ces Organisations qui, en moins de 5 ans, ont relevé le défi de mettre à l’abri, de milliers de familles, frappées pas les affres de la pauvreté et de la misère. Kourgui ressemble aujourd’hui à une ville. C’est aussi grâce à tout cela. De plus en plus, les rayons du modernisme illuminent nos contrées éloignées et stimulent le brassage des populations. Les barrières ethno-claniques sont brisées, de nouvelles alliances tissées, une nouvelle génération de Camerounais est entrain de voir le jour. Tout n’est donc pas mauvais.
« Tout n’est donc pas mauvais », y aurait-il dans votre observation, des points d’ombre ?
Assez !
Parlons-en
J’accuse le P.A.M (Programme Alimentaire Mondial) d’avoir recruté des auxiliaires qui vendaient des tickets aux plus offrants. Or qui dit ticket, dit droit d’accès aux dons de la Communauté internationale. Ces dons variant des vivres à d’autres matériels de grande valeur. Une telle situation a fait que, de nombreux destinataires de cette aide n’aient rien obtenu, à défaut d’en avoir achetée. Pendant ce temps, se revendaient dans nos marchés, ces dons. Cela a permis à bien de gens, commerçants véreux et complices de la bêtise, de s’enrichir de manière illicite, sous le regard pathétique des retournés et déplacés, réduits à la mendicité.
J’accuse l’ONG RESCUE pour s’être fait entourer de bandits qui ont plombé son action. Je m’explique sans être exhaustif:
- Pour bénéficier de l’appui financier, RESCUE a mis sur pied, un mode de recensement sur la base de la photocopie de la Carte Nationale d’Identité (CNI) du bénéficiaire. Or, il se trouve que sur le terrain, les vrais destinataires n’ont pas été servis, mais les voleurs procédaient à une manipulation des données qui consistaient à changer les numéros des CNI et faire passer la même photocopie de la CNI deux, trois, quatre fois. Ce qui a pour conséquences le fait que certaines personnes aient plusieurs cartes SIM et en perçoivent autant d’argent.
- Les bénéficiaires quant à eux, se laissent berner par des rapaces qui errent. Le bénéficiaire généralement illettré, sous l’émotion qui résulte du changement brusque dans sa vie, autorise le bandit qui erre, à toucher son dû. Une fois l’opération effectuée, le bénéficiaire n’en récolte que vingt, trente, quarante mille pour certains, mille francs pour d’autres, contre cent milles offerts par RESCUE. Que dire des cas de vol de cartes SIM ? Que n’a-t-on pas constaté, au moment de cette foireuse distribution des Cartes ?
- Les RECRUES du « Cash for work», sont engagées sans visites médicales préalables, travaillent sans bottes, cache-nez, gangs. Tout peut arriver. Des Asthmatiques peuvent faire de crises et en mourir. Des femmes enceintes elles aussi peuvent payer autrement et d’autres cas encore pour un engagement aveugle qui n’éloigne pas forcément la pauvreté, si jamais elle ne la rapproche au contraire.
Voudriez-vous dire que ces projets ne sont donc plus porteurs ?
Dès lors qu’une assistance humanitaire destinée aux ayants-droit, se retrouve dans les mains non autorisées, il faudrait bien comprendre que le but n’est pas atteint. Et faute de redresser la barre, l’ONG gagnerait à s’en aller, plutôt que de creuser davantage, le fossé entre pauvres et riches…
Comment vérifierait-on vos allégations ?
Prenons le cas de RESCUE avec son folklore de Cartes SIM et portables. Je souhaite que des guichets périodiques soient ouverts et que la condition de payement soit la présentation de l’original la CNI du bénéficiaire ou celle de son mandataire. Avant la soirée, peu d’argent serait déchargé, parce que, comme je l’ai dit, la plupart des bénéficiaires sont des tricheurs et faussaires qui ont, avec l’aide de l’ordinateur modifié plusieurs fois leurs numéros de CNI. Et puisque c’est la photocopie qui est exigée, l’opération réussit sans la moindre difficulté. Autre piste de vol est celle où, des mafiosi ou faussaires, de gens respectés ont faire enregistrer des résidents habitants de lointaines contrées. Une fois la carte SIM obtenue et l’argent payé, le bénéficiaire officiel perçoit dix milles francs, et le mafioso emporte le reste. Imaginez à quoi cela ressemble, dans un océan de misère et sous les effets de fausses lumières….
Quels sont selon vous, les moyens de résolution de ce problème ?
Que la société civile soit impliquée dans ces programmes. Mais aussi et surtout, je souhaite qu’il soit mis sur pied des guichets périodiques et que les tricheurs en possession de plusieurs cartes SIM, soient identifiés et le surplus de Cartes, redistribués aux nécessiteux qui ont été ignorés au cours du recensement. Si RESCUE refuse de corriger ces anomalies, nous comprendrions que ses Agents en tirent des dividendes.
Comment expliquez-vous qu’il y ait des nécessiteux oubliés ?
Le recensement s’est fait sur la base des calculs incestueux. Il fallait enrôler des copines, complices, Sans faire dans la langue de bois, toutes vérifications faites, le plus grand nombre de bénéficiaires est issu d’une même zone géographique. Pourquoi de nombreux nécessiteux mourants, sans soutien, animistes et chrétiens, hors de ce cercle d’amis et complices, comptent parmi les plus grands absents à l’appel ? Quelles étaient les bases du recensement ?
Pourquoi n’en avez-vous pas fait écho de cette dérive ?
Ce n’est pas nouveau. On s’en est toujours plaint. A koza il y a peu, c’étaient des éléments de la Croix Rouge qui affichaient profil bas, récemment encore, à Mora-ville, ce sont des responsables respectés qui animaient ce réseau de trafic de vivres, et les Services de renseignements de la police en savent quelque chose…Mais que sait-on de la suite ?
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