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Etape n° 3 – GROUPE  ARABE

Victime de son dynamisme, de son pragmatisme, de sa clairvoyance…..

« Tous Coupables ?

Les  crises interethniques sont récurrentes au Cameroun en général et plus meurtrières dans le grand nord en particulier. Toutefois, lorsqu’on consulte le répertoire de celles-ci, l’on se rend compte que le Logone et Chari depuis les années 70, ploie dans la douleur de ces conflits armés aux séquelles encore suintantes. Réagissant à leurs origines, Frank  ESSOMBA journaliste au quotidien  LE MESSAGER, déclare dans l’Edition n°024, Page 12 du  du 18 Mai 1993 que « les multiples affrontements qui ont été enregistrés jusqu’aujourd’hui ne sont en fait que la face cachée d’un vaste plan d’extermination orchestré par les Arabes choa contre les autres communautés du Logone et Chari. La fréquence des affrontements l’atteste et la puissance des moyens militaires mis en œuvre le démontre (…) »

Comment peut-on admettre une telle analyse si l’on se sent dans un Etat et reconnait de lui, le devoir de protection des biens et des personnes ? Comment peut-on indexer aussi gravement une communauté déjà minoritaire, en s’appuyant sur des éléments qui fragilisent gravement les capacités de notre armée nationale, à prévenir des conflits et à sécuriser le territoire ? Comment peut-on dire sans « pudeur » intellectuelle que « la puissance des moyens militaires mise en œuvre par les arabes (soutenus par des mercenaires tchadiens) » ferait peur à notre armée, comme si celle-ci d’emblée n’existait que sur papier ? Dans tous les cas de figure, la responsabilité morale de ces crises devrait être imputée aux autorités administratives  en poste dans ces localités. Ce sont elles qui laissent faire, c’est encore elles qui très souvent scellent des pactes contre-nature et remettent en question la paix sociale. Pour illustration :

  • CONFLIT ARABE-KOTOKO, DOLLE, 1979 : L’histoire nous apprend que tout était parti de la volonté manifeste de Monsieur Eric DOPSOUNA, Sous-préfet de MAKARY, de protéger M. WOBRI, fils du chef arabe, accusé de détournement de fonds. N’eut été l’assassinat  de 14 gendarmes arrivés sur les lieux et contre leurs intérêts, les arabes n’auraient pas subi de l’armée, ce massacre aux allures de génocide. En fallut-il ? Les dégâts subis par l’armée furent-ils proportionnels au poids de sa riposte ? Eut-on besoin d’effacer des femmes, des enfants et mouches qui n’eurent rien à voir avec le conflit ?
  • CONFLIT  ARABE-KOTOKO, GOULFEY, Avril 1990 : Le RDPC est en plein renouvellement des organes de base. Un malentendu survient et tout se gâte entre les deux ethnies.les Arabes sont une fois de plus sur le banc des accusés. Mais, il faut se demander les raisons pour lesquelles le Préfet Gilbert ESSALA, ex Sous-officier de Gendarmerie, présent sur les lieux avec une escouade de gendarmes et de policiers, n’eut pas l’adresse  administrative de prévenir ce conflit ? Pourquoi avoir laissé la situation pourrir avant de réagir ? Pour quel camp roulait-il ? Les arabes une fois encore payent le lourd tribut….
  • CONFLIT ARABE-KOTOKO, MALTAM, Juillet 1990 : Un litige foncier oppose les deux ethnies au lieu dit MEIGANGA. L’Adjoint d’Administration de MAKARY, le nommé DOTA, descend sur les lieux à la tête d’une Commission. En violation de l’éthique, il prend ouvertement position en faveur des arabes. La protestation des KOTOKOS ne se fait pas attendre. Plutôt que de gérer la situation, il quitte les lieux  accompagné par la force publique. Le bilan est connu. Devrait-on accuser les arabes ? A qui incombe la sécurité publique ?
  • CONFLIT ARABE-KOTOKO, KOUSSERI, Janvier 1992 : En pleine séance de distribution des Cartes Electorales, une crise entre les deux protagonistes est  déclenchée. La presse nationale et internationale déclare que ce 29 janvier 1992, les arabes eurent le soutien des leurs, issus de la rébellion et même de l’armée régulière tchadienne. Des mercenaires seraient responsables du décès de M. DJIBBRINE DALI, Délégué Départemental du Plan et de l’Aménagement du Territoire du Logone et Chari, abattu alors qu’il revenait de Logone Birni.

               Croire à ces affirmations serait établir la responsabilité de notre armée et par ricochet celle de l’Etat qui avait failli à sa mission….Si non, ce serait comme à l’accoutumée, de simples affabulations attentatoires à l’honneur des Arabes accusés une fois de plus, d’avoir assassiné le 13/11/1992, quarante huit KOTOKOS à NDIGUINI et ce, sous le regard (poltron ?) de notre armée….

Au demeurant, il paraît clair que faute d’exiger de l’Etat des explications relatives aux manquements de ces Agents, d’aucuns font vite d’indexer  les Arabes dont le l’hyper- dynamisme aux côtés des MUSGUMS, MASSA et autres, crée des mécontents et justifie les ennuis qui leur valent  d’être jusqu’à cet instant  la victime expiatoire  de la coupe réglée des KOTOKOS.  A qui donc la faute ?

  • PROBLEME

Plus d’un millier d’âmes est au bord d’un soulèvement à KOUSSERI. Les occupants de 134 ménages sont au point d’être expropriés de leur droit foncier au lieu dit LACKA, mitoyen  au pont  qui relie notre pays à la capitale tchadienne. En effet, nos enquêtes  révèlent que, ce site devrait être cédé à la CEMAC[1] et conformément à la loi n° 085/29 du 04 Juillet 1985[2], les victimes méritent d’être indemnisées à la hauteur du préjudice. Toutefois, les concernés rencontrés nous ont fait comprendre bien de contradictions qui entourent ce projet, lesquelles justifient naturellement leur craintes.

LES POTENTIELLES FUTURES VICTIMES ESTIMENT QUE LE CHOIX DE LEUR SITE EST INJUSTE ET SERAIT SOUS-TENDU  PAR UN REGLEMENT DE COMPTE :

  1. Pourquoi les avoir ciblés, alors qu’autour d’eux il existe bien d’espace vide comme celui de la SEMRY, situé en face de la Station Radio FM Kousseri?
  2. Pourquoi la Commission qui décide de les « chasser » de là, n’a-t-elle pas pensé aux manques à gagner dans les Caisses de l’Etat, quand on sait qu’ils y ont développé d’importantes activités commerciales depuis une quarantaine d’années ?
  3. Pourquoi la cible de la Commission est-elle constituée essentiellement des Arabes, Musgums et Massa, à une heure où le Sultan(Kotoko) est le maître à penser de cette équipe qui voudrait régler de vieux comptes ?
  4. Comment interpréter les propos de Sa Majesté ABBA MAHAMAT, fils du Sultan et ci-devant chef de 2ième degré ayant compétence sur  le site ciblé, lorsqu’il déclare nerveux à un Musgum  que, « lorsque mon père (sultan) vous donnait cet endroit, ce fut pour besoin d’habitation (…) Pourquoi  en aviez-vous offert aux arabes qui y commercent et s’enrichissent ? »
  5. Comment comprendre la dissonance entre les membres de la Commission, lorsque nous y voyons d’un côté le Maire et le sultan décidés à « chasser» sans intentions de dédommager les 134 ménages de LACKA pour un site situé à  KAWADJI, soit une distance de 07km de leur position actuelle, dans le  village du Colonel KALKABA MALBOUM, alors que de l’autre côté, tous s’attellent à penser qu’il serait inutile de déplacer les gens, au moment où,  l’espace décrit au point (a) ci-dessus est libre et vide ?
  6. Comment admettrait-on que dans un Etat laïc, deux personnes folles de pouvoir (le Sultan et le Maire), se permettent de programmer la destruction des mosquées et lieux de Culte, pour des raisons objectivement inavouées, alors que bien de solutions s’offrent ailleurs ?
  7. Pourquoi le Maire préfère t-il lotir (vendre) cet espace décrit au point (a) ci-dessus, plutôt que de l’offrir à la CEMAC et sauver le Cameroun d’une crise sociale inutile tout en épargnant à nos caisses  de probables dépenses (dédommagement des expropriés) ?
  8. Comment ne pas encourager Monsieur EWANGO MBOUDOU Ernest, Préfet du Logone et Chari qui très tôt a pris la mesure du risque d’une telle initiative, et milite en faveur de la révision du plan en question ? D’ailleurs sera-t-il capable de gérer seul les vents contraires à son action salutaire, dans une sphère corrompue où gravitent des lobbies à nuisance manifeste, et  où, ses prédécesseurs[3] de façon aveugle (mais motivée ?), prirent position en faveur du Maire et du Sultan ?
  9. Pourquoi ne devrait-on ne pas mettre en garde le Maire, sur les risques d’un conflit qui naîtrait de cette mauvaise initiative face à un Conseil Municipal déjà divisé sur la question ?
  10. Le Département du Logone et Chari a-t-il besoin d’une autre crise ethnique à la veille des prochaines Consultations électorales de 2011 et 2012 ?
  11. Que devient la Loi sus-évoquée dans un Univers où les intérêts égoïstes de deux hommes priment sur l’intérêt général ?

II-    DE LA RESPONSABILITE DE L’ADMINISTRATION

Ce qui précède rappelle à la conscience collective qu’à une phase importante de son histoire, bien de crises se sont produites sans que l’administration ne daigne apporter aux victimes le soutien nécessaire. La rubrique Tous coupables ci-dessus en fait la large économie. Il est temps, nous estimons, pour les autorités administratives quelquefois retors, de penser d’abord au Cameroun avant leur panse pour autant qu’il nous revient à l’esprit que le malheur du Cameroun porte la responsabilité de ceux qui refusent de faire leur travail soit par incompétence, soit sous l’effet des vapeurs des pots-de-vin. Ce sont eux nous disions récemment, les véritables ennemis de la nation. Plus ils resteront impunis, plus nous nous affaisserons dans les profondeurs abyssales. »

Voir  Minorités Ethniques dans le Mayo-Sava: https://psydh.com/2017/12/06/cameroun-extreme-nord-mayo-sava-etranges-indices-du-genocide-du-peuple-podoko/

Archives ODH

 

[1] Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale

[2] Loi n° 085/29 du 04 Juillet 1985, relative à l’Expropriation pour cause d’utilité publique et aux modalités d’indemnisation

[3] DZIBI  Fritz Alain (retraité) et BONA  EBENGUE François (Préfet du FAKO à LIMBE)

 

http://psydh.com