Les PODOKO forment l’une des entités numériquement très élevées qui peuplent les montagnes du Mayo-Sava. Animistes à la base, on les retrouve de plus en plus nombreux engagés qui dans l’Islam, qui au sein du christianisme toutes obédiences confondues. Ce peuple travailleur, a connu tout au long de son histoire, des formes variées de tortures, d’humiliations, d’exploitation, etc. Il est même récurrent de rencontrer des fils issus de groupe minoritaire, porter des noms purement islamiques. Demandez-en pourquoi ? La réponse est la résultante de l’esclavage économico-culturel que ce peuple a longtemps subi. En effet, à un moment donné de son parcours, le podoko devait choisir entre exister et disparaître. Pour assurer sa survie, il fallait faire fi de l’onomastique podoko et porter des noms islamiques. Un enfant né et présumé porter le nom de son grand-père ou de la tante Marava, Mbirza, Madouva, Barama, Lamissa ou Nachi, etc. devenait obligatoirement Amadou, Boukar, Bouba, Habiba ou Hadidja, etc. Justement il fallait se passer pour tel, donner l’impression d’être un converti (contraire du païen kirdi et du prétendu chrétien ) et espérer trouver sa place au soleil. L’on doit néanmoins regretter que cette douloureuse et ténébreuse expérience, qu’on croit dépassée et dans les oubliettes, reste d’actualité à travers des ramifications plus ou moins subtiles. Le Podoko jusqu’à ce jour, reste dans l’exercice du pouvoir politique local, un très habile exécutant ; économiquement un dépendant, intellectuellement un complément d’effectif, juridiquement un chiffon et psychologiquement un stoïque qui sait accepter son sort avec sourire, sans cri, sans pleur. Des histoires non exhaustives répertoriées ci-dessous, s’inscrivent dans notre approche :
- 14 novembre 2017: Dans un procès sans âme, le Tribunal de Mora condamne ABDOUL-AZIZ ABDOULAYE, un podoko, à 5 ans de Prison ferme, avec une amende de cent milles francs. La particularité de ce procès repose sur le fait que ce dernier soupçonné de vol de moto, est mortellement battu à la machette par des gendarmes de la Brigade ter. de Mora. Ses tortionnaires le maintiendront cinq jours dans les cellules avec des blessures saignantes puiantes. Soustrait de ce cul-de-sac sur pression avant d’être interné dans une formation hospitalière de la place, il est curieusement condamné plus tard pour la même affaire, sans aucune plainte pour vol et en l’absence de ces gendarmes-tortionnaires.. C’est aussi dire que la torture serait en voie de légalisation dans cette juridiction.Comment ne pas regretter le fait que durant l’audience, ABDOUL-AZIZ ABDOULAYE ait fait l’objet stigmatisation par rapport à ses origines Podoko ?
- 26 Juin 2016: A Kousseri, Une patrouille de Police déloge d’une grande concession, 16 jeunes vacanciers podoko, partis de Mora se battre afin se sécuriser leur rentrée scolaire. Ils sont conduits la même nuit dans les cellules. Motif ? Ils n’en ont jamais su. La suite n’est pas bonne à en parler. Ils seront néanmoins libérés tôt le matin sous certaines conditions. Voici la liste des concernés :
1 | BABA SIMON |
2 | BECHE HAYA |
3 | BOUBA KONDJEBE |
4 | DOUE ABEL |
5 | EMMA MOUSSA |
6 | GODA MOKOLO |
7 | GWADI SALLY |
8 | KAMBA WADAWA |
9 | KODOHA DOUE |
10 | LADA JEAN-PAUL |
11 | MALAPA DAVID |
12 | MBERZA NOE |
13 | MOUCHI PIERRE |
14 | NAMANO ISSA |
15 | NDEVATA BOUKAR |
16 | VIGUE ESAIE |
- Le 18 SEPTEMBRE 2015 : Sous de faux prétextes, un Substitut du Procureur à Kousseri, ordonne l’arrestation d’un jeune débrouillard Podoko. Il est vite gardé-à-vue dans les cellules de la Police-ESIR. Mais à la surprise de tous, quinze des siens venus lui rendre visite, seront tour à tour arrêtés. Ils y séjourneront à leur tour, une dizaine de jours dans les cellules de la Brigade Ter. de Gendarmerie, avant d’être libérés sous pression. Ci-dessous la liste des seize :
1- BEDJA DEKODE
2- BOUBA SAMUEL
3- DJIGOUDOUM ISAAC
4- EMMA LADA
5- GODA DAVID
6- HAMAN GODI
7- HOCHE MESPE
8- JEAN KOMALI
9- KWEKWETE MOUCHE
10- LADE KOUMA
11- LAMARA LAWAN
12- OUDA OUSALAKA
13- PIERRE VIGUE
14- SEVDA GODI
15- VIGUE ABRAHAM
16- ZALLA BIBE
- Juin 2015, le Directeur de l’Ecole Publique de KASSA-DARA, Arrondissement de Mora, Canton Podoko-Centre, détourne les frais de dossiers du Concours d’entrée en 6è et du C.E.P de seize de ses élèves. Il est resté impuni face à ses naïves et immaculées victimes contraintes à une année blanche. Il s’agit de :
1- AMINA ANNETTE
2- AMINA CLAUDINE
3- BARKA FELIX
4- BECHE MARIE
5- DJAMENA NDOULA
6- DOUGDGE ETIENNE
7- FADI MARTHE
8- GWADA RODRIGUE
9- HONORINE CHANTAL
10- LAMISSA LYDIE
11- MAGAMA JEREMIE
12- SANDA LAMARA
13- SIMON ETIENNE
14- TAME LITINI
15- TAWA AGNES
16- TCHOUMA ARIELLE
Au cours de la même année 2015, le jeune BASSA, un Podoko, employé de L’AGENCE TOURISTIQUE-VOYAGES de Kousseri, est condamné par le tribunal militaire de Maroua, à une lourde peine de prison. Ce verdit fait suite à un long procès relatif à la vente illégale des tenues militaires. En effet, sa position d’Employé dans cette Agence de Voyages, lui permet de jouer le rôle d’interface entre un Gendarme Camerounais livreur et un militaire Tchadien distributeur. Le deal est découvert. Les deux militaires interpellés puis libérés. Curieusement, aucun des deux n’est puni. Ils sont tous libres au moment où BASSA digère sa lourde peine froidement écopée…
Quel mystère se cacherait-il derrière la « serie 16 » ?
Méditons-en !!!!
Xamely de Kenné