image BH  Image 2 Boko Haram

Lorsqu’on parle de reddition,  il s’agit  bien entendu pour une partie belligérante, le fait  de rendre les armes, de mettre un terme au combat, de se rendre. Et  c’est bien de cela qu’il s’agit depuis quelques semaines dans le Mayo-SAVA.

En effet,  en espace  d’une semaine,  plus d’une  dizaine  d’ex-combattants dont  une femme se sont rendus à nos autorités, non sans annoncer l’arrivée très prochaine d’une centaine d’autres combattants. Parallèlement, ce grand ballet  serait  révélateur des signes qui  annoncent le crépuscule des opérations militaires de Boko Haram. Pourquoi pas le dire, dès lors qu’on sait que du côté de Mayo-Moskota, dans le département du Mayo-TSANAGA, ils sont encore nombreux, plus de trois cents  combattants  sortis de la clandestinité et aujourd’hui pris en charge par la municipalité ? Par-dessus tout, si à première vue, une telle démarche est  appréciée, il va de soi qu’elle cache bien de mystères.

CONTRADICTIONS :

  • Au moment où ces ex-combattants confessent leur retrait de la secte, les attaques de la même secte se multiplient avec leur cohorte d’assassinats, d’enlèvements, de vols et des opérations suicides. Et nous nous demandons comment est-il possible que ces « retournés » ne soient  pas à même de prévenir ces raids à travers le vrai renseignement qui ne saurait leur échapper ?
  • Existerait-il un lien causal entre le retour de certains combattants et la recrudescence des attaques par d’autres combattants ? Comment prouverait-on le contraire, dès lors que ceux qui hier sont rentrés sont/ont été longtemps des acolytes de ceux qui aujourd’hui attaquent ?
  • Comment interpréter cette résurgence des attaques de la secte, au moment où, une partie de ses membres officiellement se démobilise ?
  • Comment admettre qu’une reddition ou capitulation se produise sans la cession des armes ? Il se pourrait selon nos sources que ces ex-combattants qui se rendent, ne sont pas tous en possession de leurs armes et pourtant, leurs « frères d’armes » arrêtés auparavant, étaient toujours porteurs des armes.   Qu’ont-ils fait des leurs ? Une chose est vraie, toute reddition de cette nature, si elle est vraie, serait perçue par les leaders de la secte, comme une preuve de trahison. Auquel cas, ces ex-combattants ne sauraient prétendre avoir remis les armes à leurs chefs, avant de décider de se rendre. Ce qui nous fait dire que ces armes seraient cachées et à défaut d’être remises aux autorités Camerounaises, devraient/pourraient servir à de fins de mauvaise augure pour notre sécurité.
  • Selon les mêmes sources bien introduites, ces ex-combattants qui ont rejoint leurs familles aussitôt, ne passent pas la nuit en famille. Ils quittent chaque nuit et vont dormir dans des lieux inconnus. Alors, comment interpréter ces gesticulations, si ce n’est d’entourer cette opération d’une épaisse flamme de doutes ? Où vont-ils dormir ? Ne replient-ils pas à leur base initiale de nuit, pour jouir en journée de la  protection de l’État ? Et si leur intention serait de parer à toute éventualité, pourquoi ne pas demander au gouvernement de leur assurer plus de protection ?

SUSPICIONS :

  • L’histoire de ce conflit nous apprend que la secte BOKO HARAM nous a toujours infligés de plus grandes pertes, durant la période d’hiver (Décembre- Mars). Tout se passe comme si, c’est une période très favorable à leurs opérations. Et de là, des questions pertinentes taraudent notre esprit :
  • Ce ballet de capitulation, n’est-il pas un marchepied en préludes aux atrocités que ces combattants se préparent à nous infliger dans les jours à venir puisque nous sommes quand même en Novembre ?
  • Où vont-ils passer la nuit, si ce n’est peut-être auprès de leurs leaders à qui, ils fourniraient des renseignements recueillis en journée ?
  • Sur quelle base officielle ces opérations de reddition se déroulent-elles, puisque les parties prenantes (Comité de vigilances, certains Chefs traditionnels, Société Civile, autorités, etc.) n’ont pas la même appréciation de ce qui se trame et parallèlement exposent une perception distincte des enjeux, source de leurs inquiétudes ? Et d’ailleurs, comment les populations devraient-elles se comporter face aux gens qui hier ont ouvertement abattus les leurs  et aujourd’hui invités à cohabiter  avec elles ?

SUGGESTION :

La volonté du gouvernement  à ce stade a tout de salutaire. Cependant la démarche reste suicidaire.  Justement parce qu’Il est objectivement inadmissible qu’une opération comme celle-là, ait autant de failles que de contradictions qui mettent en péril la sécurité  générale des populations. Aussi pensons-nous que l’idéal serait de « copier » l’approche des Nations Unies relative au D.D.R (Désarmement,  Démobilisation, Réintégration et  Réinsertion) et de limiter’ au mieux des cas possibles des lendemains incertains. Mais c’est quoi le D.D.R ? C’est une opération qui vise à contribuer à la Sécurité et à la stabilité dans une situation post-conflit. Elle se prépare minutieusement et épargne à chacune des parties, tout ce qui pourrait hypothéquer le processus de paix. Toutes choses qui revêtent cinq importantes dimensions : POLITIQUE, MILITAIRE, SÉCURITAIRE, HUMANITAIRE ET  SOCIO-ÉCONOMIQUE. Or, à regarder de près, ce n’est techniquement pas le dispositif qui est mis en place…Aussi n’est-il  pas inutile de souligner que de toutes les démarches qui s’imposent dans le processus ainsi déclenché, l’urgence nous dicte la nécessité d’aménager un (ou plusieurs) camp très loin du LOSATSA (zone rouge) dans lequel seront logés ces ex-combattants. Les laisser réintégrer leurs aires familiales comme c’est le cas aujourd’hui, est très risqué tant pour eux-mêmes, pour les leurs que le reste de la population. Les garder dans un Camp de fortune non loin de la frontière, comme c’est le cas dans le Mayo-Moskota, n’en est moins une solution. Plus loin ils seront logés, plus proche avancerions-nous vers le but. La Côte d’Ivoire avec les Ex-Forces Nouvelles  à titre d’exemple, nous rappelle que le non application à la lettre du format D.D.R, qui exigeait entre-autres le désarmement et la réintégration de ces troupes au sein des  FANCI ( armée régulière Ivoirienne d’alors) et ce nonobstant la bonne volonté politique de Laurent GBAGBO, n’a réellement pas servi les intérêts de ce pays qui a plongé dans une guerre civile inutile.  Bien d’autres exemples qui meublent notre histoire. Pourquoi ne devrait-on pas en penser  ?

Emmanuel  MOMO

 

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