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ALHADJI IBRAHIM parle

Vous êtes dans l’histoire de la fondation SCHULZENTRUM, l’une des victimes de dame KORDASS…Comment appréciez-vous les évènements qui s’y sont produits à l’aube de l’année scolaire en cours ?

Je ne suis pas surpris. Parmi les victimes de l’heure, nombreux furent mes collègues il y a une dizaine d’années et ont certainement la mémoire encore fraîche relative à nos confidences d’alors. Je leur disais que cette dame est pire qu’un colon. Sauf mauvaise appréciation de ma part, notre histoire nous apprend que des Infrastructures scolaires, médicales, etc. furent construites par nos colonisateurs, nonobstant tout ce que nous nous subissions d’eux. Cela veut dire qu’en contrepartie de ce qu’ils nous arrachaient, de notre épanouissement qu’ils bridaient, nous sommes héritiers de ce qui fait ressembler à un motif  de consolation. Aujourd’hui, les faits parlent d’eux-mêmes. Non seulement Madame DORKASS décide de fermer, mais s’oppose à toutes formes d’exploitation de ses locaux, comme cela aurait été suggéré par les autorités locales. En d’autres termes, comme disait le Maréchal Mobutu, « après moi, c’est le déluge » !!!

A qui la faute, serons-nous tenté de vous demander ?

Faut-il en trouver un fautif ? Il n’y en a même pas. Tout au plus, je pense qu’elle agit comme bon lui semble simplement parce que nos dirigeants en « gentlemen » refusent de la rappeler à l’ordre aux risques de la froisser, de l’humilier, etc.  C’est ce que je pense. Au pire des cas,  d’aucuns prétendent (ce que je n’ai pas vérifié) qu’ elle serait une adepte des pots-de-vin qui lui permettent assez souvent de « diluer » les crises, de « noyer » des dossiers.. Et toute conclusion faite, ce living-room diplomacy  ou diplomatie de Salon,  ne nous fait pas avancer. Nous sommes perçus par cette dame comme étant des couards, des lâches, des insensés, des sous hommes. Et c’est révoltant !!!

Qu’auriez-vous souhaité que notre gouvernement fît ?

Dire le droit. C’est tout !!!

Mais comment ?

Mon histoire avec cette dame-là est révélatrice de la négligence affichée de nos dirigeants qui bercent le déni de justice. Je voudrais être bref dans ma narration du tord que j’ai subi et qui me colle dessus jusqu’à nos jours. En 2003, nous sommes dix enseignants de cet Établissement qui dénoncions la non-reconnaissance de certains de nos droits pourtant légaux. Le Délégué  Régional des questions de travail et le Préfet du Mayo-Sava sont saisis. Le 11 Juin de cette année-là est prévue devant le Préfet, une confrontation entre Mme KORDASS et les plaignants que nous fûmes alors. Suivez mon regard, cette dame débarque entourée de deux grosses pointures de l’Ordre National des Avocats : Maître TAMO et le Bâtonnier d’alors, Maître  AKERE MUNA. Le décor change de configuration et nous avions compris les motivations cachées de cette dame. Frapper fort et étouffer l’affaire. Me  AKERE MUNA à Mora pour une confrontation dans le Cabinet du Préfet ? En avait-on réellement besoin ?

Quelle en avait été l’incidence dans la suite de l’affaire ?

Dans le souci d’entourer les faits de leur sacralité, tout en préservant mon honneur et ma dignité, j’avais dans mon intervention dit au bâtonnier AKERE MUNA ceci : «  M. AKERE MUNA, j’ai du respect, de la confiance et de la considération pour la justice de mon pays. Cette femme que voici nous a fait souscrire des contrats de travail qui sont soumis à la loi n° 92/007 du 14 Août 1992, portant Code de Travail au Cameroun. Mais elle bat en brèche toutes les dispositions de ladite loi. Je crois savoir que, lorsqu’on entre dans une maison, on doit se conformer aux principes de cette maison. On n’y vient pas pour dicter sa loi. L’expérience vécue par d’autres nous renseigne qu’un Avocat consciencieux ne défend pas n’importe quelle cause. Il ne défend rien et ne peut défendre que lorsque sa conviction le soutient. En citoyens dévoués pour la cause du salut national, en citoyens dévoués pour le redressement national, nous disons NON à cette femme qui manque de respect à notre cher et beau pays (…) »

Et après ?

Je suis licencié sans préavis encore moins de mesures d’accompagnement. Abandonné à moi seul face aux collègues co-plaignants qui changeaient de camp et devenant très prudents. Plus tard, j’avais saisi la Justice et me retrouve voici une décennie à la Cour Suprême dans l’attente du verdict.  De là, lorsqu’on regarde de près le scénario qui s’est produit en septembre dernier, il devient facile comparé à mon expérience de conclure que nos autorités elles-mêmes font le lit du  « vampirisme »  que nous subissons de la part de ces expatriés. Bien des exemples connus et vécus par d’autres Camerounais me confortent dans cette position. Bien pâle voyez-vous !!!

En homme averti, quels conseils prodiguez-vous aux victimes d’aujourd’hui ?

Qu’elles  ne baissent pas les bras. La procédure pourrait prendre un siècle. Il vaudrait mieux s’armer de patience, car, comme l’on dirait en plein marché kouloulou  « one day one day, sun go shine ». En d’autres termes, « tôt ou tard, il fera soleil » et leur cause sera entendue.

Propos recueillis par  Xamely de Kenné

 

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