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Le  22 Mai dernier, à travers une dénonciation adressée  aux  Minjustice,  Minas, Préfet et Président  Tribunaux du  Mayo-Sava, la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés, nous écrivions entre-autres

  • « LA CONSÉCRATION DE L’ÈRE MÉDIÉVALE : Lorsque l’onction du Parquet d’Instance de Mora, viole les textes de la république et autorise le mariage précoce d’une mineure…Il ne faut surtout pas se taire ! »
  • « Le 19 Mai, les parents « défient » la Justice et célèbrent le mariage. La jeune Magda est depuis cette date et peu après 09h15, dans les antres de son désormais foyer. »
  • « Informé de la tournure de la situation, le Parquet a laissé entendre par la voix de Mme le Substitut qui suivait l’affaire que le Procureur dit avoir « reçu la fille et son père la veille (18 Mai) ». Celle-ci lui aurait dit qu’elle  était consentante pour le mariage et par voie de conséquence désistait suite à sa plainte. »
  • « Ce qui justifie (rait) le refus du parquet de s’opposer à ce mariage. »

Un cycle lunaire plus tard (19Mai-15Juin), la victime de ce mariage d’une autre ère, La lycéenne FADIMATOU  MAMOUDOU dit MAGDA a décidé de prendre ses responsabilités en main. Elle a abandonné son « mari-fort » pour une  clandestinité sécurisée. Interpellés par ses soins, nous sommes allés à sa rencontre et  avons recueilli ses impressions.

ENTRETIEN

Qu’est-ce qui vous a encouragé à quitter votre foyer, un mois après votre mariage ?

Je n’étais pas en mariage, mais emprisonnée par mes parents avec la volonté des gens qui travaillent au tribunal. Ils m’ont obligé à épouser un homme que je n’ai jamais aimé. Les menaces étaient très fortes. J’ai rencontré une dame qui travaille au tribunal (ndlr : substitut du Procureur)  Elle m’a soutenue devant mes parents qu’elle a convoqués. Mais à la dernière minute, lorsqu’il fallait intervenir le jour du mariage, je me suis trouvée seule. C’est comme cela que je me suis trouvée dans cette prison.

Pourtant, nous avons appris que vous avez, accompagné de votre papa, rencontré le  Procureur le 18 Mai dernier pour lui dire que vous êtes d’accord avec le  mariage…..

C’est faux. Même dans les rêves, je ne connais pas cette histoire-là. C’est du mensonge. J’ai été traitée comme une marchandise. Cela me dérange énormément.

Quel âge aviez-vous, le jour du mariage ?

Seize ans onze mois. Puisque je suis née le 15 Juin 2000.

Voulez-vous donc accuser les magistrats ?

Je dis qu’ils m’ont trompée. Ils ne m’ont pas protégée. Comment peuvent-ils laisser une mineure aller dans un mariage qu’elle a ouvertement refusé devant eux ?

Pourquoi n’aviez-vous donc pas fui la veille ou le jour du mariage, pour choisir de le faire maintenant ?

Je savais comme a promis la dame du tribunal que le mariage n’allait pas avoir lieu. Pour respecter mes parents j’ai préféré attendre l’intervention du tribunal au lieu de fuir et faire honte à mes parents en public. Malheureusement, j’étais abandonnée.

Vous êtes mineure, comment arrivez-vous à expliquer le fait de n’avoir jamais aimé le mari que vos parents vous ont imposé ?

Aimer ne dépend pas de l’âge. C’est ce qu’on ressent dans le corps. Mais le mariage dépend de tout cela. Quand on n’aime pas, on ne doit pas se marier. Je souhaite épouser un homme qui va m’aider à réaliser mes rêves.

Quels sont vos rêves ?

Obtenir au moins le  Baccalauréat avant de connaître un homme.

Après un mois de mariage, ce rêve ne peut plus tenir (…) Vous avez déjà connu un homme…

C’est faux. Aucun homme ne m’a vue nue. Je me suis opposée à cela. Je lui ai dit d’aller faire les examens à l’hôpital avant tout. C’était un moyen de l’éloigner de moi.

Qu’attendez-vous de nous ?

Je souhaite que vous disiez à mes parents de m’accepter retourner  chez nous sans me menacer. Qu’ils acceptent mon choix qui est de rentrer à l’École.

Quelle classe fréquentiez-vous ?

La classe de 4è. Mais ils ont refusé de payer les frais et m’ont empêché de continuer le 3è trimestre. Parce qu’ils voulaient à tout prix que je me contente de ce mauvais mari. Malgré cela,  j’ai eu la moyenne aux deux premiers trimestres.

Et s’ils vous disent qu’ils n’ont pas d’argent ?

Je suis une croyante. Dieu S’occupera du reste.

Propos recueillis le  15 Juin  2017

Par  ISSA MOHAMADOU

 NB : L’Observatoire Droits de l’Homme, par la Présente informe de manière officielle les autorités locales et nationales du Cameroun, que cette mineure en détresse est sous sa protection. Nous allons l’assurer, en attendant que l’administration se prononce sur la conduite à tenir. Nous ne sommes qu’une interface. L’action souhaitée par cette enfant relevant de la compétence des autorités.