Mendouga Marie

20 Février 2005 – 20 Février 2017 :

Cela fait 12 ans à Kousseri que dame MENDOUGA Marie attend que sa cause soit entendue.

               Dame MENDOUGA Marie, sexagénaire est victime d’un accident de la route le dimanche 20 février 2005, alors qu’elle se rendait à l’Église.  Elle s’en était sortie avec une triple fracture à la jambe. Abandonnée dans un premier temps aux Urgences de l’Hôpital de Kousseri, elle en a été plus tard par l’appareil judiciaire plusieurs fois saisi et  resté de marbre. « J’ai rencontré tous les procureurs de la République depuis que cette affaire  est survenue (…) aucun n’a donné de suite (…) Le prédécesseur de l’actuel m’avait convoquée une fois, il y a plus de 5 ans  et me disait qu’il avait reçu l’ordre de Yaoundé d’ouvrir une enquête sur mon cas, avant de conclure que mon dossier est introuvable(…) L’actuel une fois installé m’a reçue sur ma demande et s’est contenté à prendre mon numéro de téléphone, non sans promettre de m’appeler plus tard(…) Le même discours » martèle-t-elle ce week-end à l’occasion de notre rencontre.

Soucieux de relancer cette affaire qui étale davantage nos faiblesses, celles des acteurs de la Justice, celles de l’Homme égocentrique, etc. il nous semble indiqué de reproduire in extenso l’entretien que cette dame nous avait accordé le 10 Février 2008…Comme si c’était hier, le pouls de la dèche qui longtemps berce son quotidien reste troublant et bouleversant..

Le  15 Février 2008, nous écrivions:

LES CONTRADICTIONS DE NOTRE JUSTICE

Par  Emmanuel  MOMO

         Marie  MENDOUGA  est une femme, j’allais dire une sœur et de préférence une mère qui souffre dans sa chair, des effets de mal gouvernance au Cameroun. Elle est victime le 20 février 2005 à  KOUSSERI, d’une triple fracture à la jambe gauche. Ceci survient  au cours d’un accident de circulation. Abandonnée à elle-même  d’abord  aux urgences de l’hôpital de KOUSSERI ce fatidique dimanche-là, puisqu’elle y séjournera jusqu’à 18h sans le moindre soin, elle le sera encore par la justice qui a réussi  à la distraire dans ses multiples couloirs parsemés d’intérêts, de mépris, d’argent sale, de  copinage, de paternalisme, d’impunité, de régionalisme, etc.

  • Trois années d’attente sans que le Procureur, nous apprend-t-elle n’ait accepté de la recevoir,
  • Trois années de bataille entre la Compagnie de Gendarmerie et la Brigade sous-entendu que la précédente semblait s’être assise sur le dossier.
  • Trois années d’espoir au cours desquelles elle s’est faite bercer par le verbe incantatoire du Préfet dans le genre : « TOA SENGUENNE,OBIE NEGOUH,MAMOUE ME KOUBEHNE », traduit de la langue BETI en : « SOIS COURAGEUSE, NE TE GENE PAS, TOUT VA S’ARRANGER ».

Celle qui nous reçoit dans son domicile sis au quartier KOULKADA, doit son existence à sa foi. Les conditions d’existence de cette maman à nous tous, doublées de ses charges familiales, restent à déplorer dans un environnement où, son handicap a considérablement réduit son rendement qui oscille entre  des cendres au bout de chaque effort et des ténèbres à chacune de ses aurores. Imposer  une telle expérience à un semblable  qui n’a besoin  que  d’être  rétabli dans ses droits, serait l’œuvre des vampires et sanguinaires. Oui, ces âmes qui n’ont  de considération  que  par  leur  apparence humaine, ont  n fois affiché leur faiblesse dans la gestion des affaires, pour qu’aujourd’hui, nous arrivions à leur  demander s’il est normal, mieux acceptable entre autres qu’un :

  • Malade, victime d’une triple  fracture à 09h, se retrouve esseulé dans un hôpital public jusqu’à 18h sans soins?
  • Commandant de Brigade de Gendarmerie, Officier  de Police Judiciaire diplômé, (comme ils aiment bien le préciser) rétrocède en catimini une motocyclette litigieuse à son propriétaire, officiellement inconnu et sans en faire mention dans le registre ?
  • Magistrat, fut-il du parquet, attende l’affectation (coïncidence ?) du Commandant de Brigade jongleur, avant d’instruire l’affaire ? dilatoire dans la procédure oblige !

 Lisez, puis  agissez!       

Mendouga Marie 1

Mme  Marie  MENDOUGA  (photo archives)

ENTRETIEN

Bonjour  maman, qu’est-ce qui s’est réellement passé le 20 janvier 2005 ?

C’était un dimanche matin, je me rendais à l’Église en compagnie de mes deux enfants. Nous étions sur une mototaxi. Mais ce n’est que très tard que je me suis retrouvée à l’hôpital de Référence de N’djamena avec ma jambe gauche victime de trois fractures.

Comment êtes-vous arrivée là ?

En tout cas mes enfants, je ne saurais vous dire. Ce que j’ai appris c’est que, la moto sur laquelle je me trouvais avait été percutée par une autre. Dès cet instant j’étais plongée dans le coma, jusqu’autour de 09h.

Et vos enfants ? Le Conducteur de la moto ?

Mes enfants furent blessés et le conducteur me disait-on avait fui.

Et la suite ?

De  N’Djamena où je fus évacuée, je retournais à KOUSSERI le même jour, dans l’espoir d’être mieux assistée. Mais à ma déception, je n’y avais  reçu que des ordonnances sans le moindre soin. Mes proches et moi décidions de rentrer à la maison pour un meilleur suivi traditionnel d’abord et médical après.

Avez-vous revu le conducteur moto ? Si non avez-vous connaissance de son identité ?   

NON

Que savez-vous des enquêtes de la police ou de la Gendarmerie ?

Trois jours après l’accident, je recevais à domicile, l’actuel Maréchal-des-logis Chef MBENG SENG[1] de la Brigade de Gendarmerie  de KOUSSERI. Il m’avait entendu sur procès-verbal et m’apprenait au même coup que, la moto de l’accident était en fourrière à la Brigade.

Et après ?

Je savais l’affaire en cours, jusqu’au 13/03/06  lorsque je saisissais le Commandant de la Compagnie de Gendarmerie, contre MBENG’S (entendez l’enquêteur).

Pourquoi ?

Je l’accusais de s’être assis sur le dossier, avant de  me rendre compte qu’il n’avait fait que son travail et que le retard n’était pas de lui. Cependant, j’affirme que dès cet instant, les choses avaient commencé à bouger.

Depuis ce temps, y-a-t-il eu évolution ?

Monsieur  M.  votre ….. avait entrepris d’autres démarches  par  une correspondance adressée le 09 NOVEMBRE 2006  à L’ADJUDANT-CHEF (A/C)  DANRAH, Commandant en ce moment-là de la Brigade de KOUSSERI et aujourd’hui en poste à MOVOUDAÏ vers YAGOUA…

De quoi était-il question ?

Il informait le chef en  question  qu’après enquêtes  à la Brigade de KOUSSERI, il avait appris que la moto de l’accident était  restituée à son propriétaire. En plus, il disait dans cette lettre que cet acte administratif n’avait pas été consigné dans le registre prévu en la matière….

Consigné par qui ?

En principe c’est  le CB ( Commandant de Brigade de Gendarmerie )  qui seul décide  sans avis  d’autrui, de céder ou non, un engin mis en fourrière. C’est donc l’A/C  DANRAH qui seul peut s’expliquer sur le cas de cette moto.

Et la suite de la correspondance ?

L’A/C  DANRAH  n’a pas réagi  et  c’est justement pour cela  que, devant l’absence de l’ODH, j’ai d’abord  rencontré un  autre  Droit de l’Homme  vers Axe Lourd, qui ne m’a rien dit de bon. Bien après, je me suis trouvée obligée de saisir  finalement un huissier  qui ne m’a pas encore donné la suite.

En dehors de cela ?

Je remercie Dieu de m’avoir gardée jusqu’à cette date et vous prie de m’apporter votre soutien à travers vos actions. Je souffre énormément et n’ai besoin que d’être rétablie dans mes droits.

                                                                                      Entretien réalisé le 10 février 2008

                                                                                      Par, 

                                            ISSA  MOHAMADOU   et SERGE  NGALEU

[1]  Aujourd’hui décédé