Déplacés, retournés, réfugiés, etc. suite à l’insécurité perpétrée par les terroristes, font l’objet au Cameroun d’une Assistance humanitaire de la part des États amis, du gouvernement de la république, des mécènes, des Organismes Internationaux, etc…Cet élan a permis à ces nombreux bénéficiaires d’échapper à la disette dans une partie du monde où les conditions climatiques sont les moins tendres. Toutefois, la réalité sur le terrain force à remarquer que cette messe a largement servi à l’enrichissement illicite de bien de gens impliqués dans sa gestion. De Mokolo à Kousseri en passant par Mora, bien de gens remerciant Dieu à tout bout de chemin, se sont déguisés en voleurs au point de fabriquer au sein de leur propre famille, de leur entourage, des déplacés, retournés, réfugiés, etc. de circonstance.
Notre ci-devant rapport-koza a étalé le modus operandi de tous ces cleptomanes prêts à donner de leçons de morale à qui leur exprime antipathie. Des voleurs ? Oui, trop de pickpocket qui n’ont pas permis aux ayants droit de cette assistance de jouir au minimum possible de la gratitude de la communauté internationale. Au final, nous retrouvons dans les rues des trois localités, des réfugiés et déplacés entrain soit de mendier ici, soit d’acheter là ce qui leur revenait de droit. Mais avec quels moyens pour des gens sans revenus, déjà très affaiblis et appauvris ? A qui donc la faute ? En attendant en savoir plus, KOURGUI, banlieue de Mora, n’a pas échappé à cette logique. Sa Majesté OUMATE, chef de 2è Degré de par ses agissements, est indirectement indexé par notre Invité. M. YERIMA BOUKAR puisqu’il s’agit de lui, 62 ans, Agent de l’État retraité, marié et père de 14 enfants, compte aujourd’hui parmi les déplacés déçus arrivés de Kolofata…Son expérience est parlante et révélatrice du war business qui entoure la distribution de l’aide humanitaire.
Il y a peu, le public aux abords du marché vous a vu cravater par Sa Majesté OUMATE…Scène obscène pour que nous vous demandions ce qui s’est réellement passé ?
Au cours des trois distributions des dons du P.A.M (programme Alimentaire Mondial) ici à Kourgui, le Chef OUMATE a brandi une liste des déplacés bénéficiaires. …Mais à ma grande surprise, de tous ceux-là il n’y avait aucun déplacé…Je dis bien aucun. Ces gens n’étaient pas connus de nous.
Sur quoi repose votre doute ? Avez-vous parfaite connaissance de tous les déplacés ? Et qui sont selon vous, ceux dont les noms étaient exposés dans la liste brandie par le Chef ?
Nous nous connaissons et chaque groupe a un leader. Du moment où aucun leader n’a reconnu dans cette liste personne de son groupe, voudriez-vous que je dise que tout s’est bien passé ?
Quels sont ces groupes et qui sont donc les déplacés présentés dans la liste du Chef ?
Nous sommes issus de trois arrondissements :
- KOLOFATA (Amchidé, Kerawa, Gréa, Bia, Gancé, Cherikoum, Matakeya, dougza, malmori, etc.) ;
- MOZOGO (Achigachia, etc.) ;
- LIMANI (Boudoua, Jakana, Limani, Wara, etc.)
S’agissant des noms issus de la liste du Chef, je précise qu’il ne s’agissait pas des déplacés officiels et réels. Peut-être des fantômes présentés comme tels. Cette liste était fausse.
Votre attitude ressemble à un règlement de compte. Vous vous souvenez qu’à l’occasion des autres distributions comme celle du CICR, tout s’est bien passé. Pourquoi estimez-vous que les choses aient mal tourné ailleurs ?
Justement, partout où cela a marché c’est parce que la chefferie de Kourgui n’a pas été impliquée.
Qu’est-ce qui se passe une fois constater que des « fantômes » auraient bénéficié à vos places ?
Je m’étais rendu à Mora pour dire au Sous-Préfet notre déception. En retour, il m’avait chargé de procéder au recensement de tous ces déplacés déçus. C’est donc sur le terrain, alors que je m’employais à exécuter les instructions du Sous-Préfet, que le Chef m’interpelle, m’intimide et me cravate publiquement….Face à ma résistance, il ordonnera à l’Inspecteur de Police DJORWE du Poste de Police de Kourgui, de me coffrer. Ce qu’il avait fait, mais pour une courte durée puis qu’aussitôt j’avais rendu compte au Sous-Préfet par téléphone et celui-ci ordonnera ma libération par la voie du Commissaire..
Où en sommes-nous avec la suite ?
Après avoir achevé mon recensement, j’étais allé remettre la liste au Sous-Préfet…En plus, je dois vous dire qu’après mon humiliation publique, je suis assez gêné. Je n’ai plus le courage de prier dans la même mosquée que ce chef méprisant. Je dois parcourir de longues distances pour le faire…
Yaoundé le 12 Décembre 2016
Propos téléphoniques recueillis par
ISSA MOHAMADOU