La ville de Mora est le théâtre le 14 octobre dernier, d’une agitation généralisée des élèves issus des principaux lycées de la place. Celle-ci fait suite à la recrudescence des crises de transe qui frappent de manière violente et répétitive de nombreux élèves de ses susdits établissements. De cette expérience assez douloureuse, nous estimons utile au regard de certains indices, d’éclairer la lanterne des uns et des autres, afin que toutes les facettes de ce phénomène puissent être bien appréhendées et mieux comprises.
Qu’est-ce que la transe ? Le Grand dictionnaire de Psychologie la définit comme « un état modifié de conscience, caractérisé par une réduction de la sensibilité aux stimulations, une altération ou même une perte transitoire du contact avec le milieu extérieur ». Sous un autre angle, Roch Armel BAKYONO, para psychologue burkinabé dans TRANSES COLLECTIVES DES FILLES, exprime assez bien, dans un entretien, ce que pensent tout haut beaucoup d’éducateurs : « En réalité, cela est dû, à mon sens, à un phénomène émotionnel. Lorsqu’une première personne tombe en transe les autres suivent. C’est la première personne qui influence les autres ; cette transe peut être due aussi à une peur. Lorsque dans un groupe donné une personne est fortement influencée par une forte émotion, cette émotion pénètre son subconscient et la fait basculer dans une transe »
BON A SAVOIR :
Le tableau qui retrace de manière non exhaustive la chronologie des crises de transe survenues dans les établissements scolaires au Cameroun, se présente ainsi qu’il suit :
- 1957: Collège Libermann de Douala, le jeune élève BOLA de la classe de 6è en plein dortoir est frappé ;
- 1995: A chaque levée de couleurs, des filles du Lycée de SANTCHOU sont atteintes ;
- 1999: Le lycée de Bertoua est touché, toujours des filles ;
- 2000: Le Lycée de MATOMB compte ses victimes parmi les filles ;
- 2001: Le CETIC d’AKWA à son tour, plonge dans la stupeur, lorsque ses filles sont touchées ;
- 2002: C’est le collège Islamique Cheikh AMHDAM de Ngaoundéré, le Lycée de Lagdo et le Lycée de Maroua qui payent les frais.
- 2003: Des élèves s’écroulent et s’effondrent dans les Lycées de Matomb et Foumban ;
- 2004: Les Lycées d’Akwa-Nord, de Mora et le CETIC d’Akwa sont à la Une ;
- 2005: Les Lycées de Mora, de Ngaoundéré, Bilingue d’Essos –Yaoundé, les Collèges Libermann de Douala et de la VINA de Ngaoundéré sont touchés.
- 2008: Le Lycée des Palmiers à Douala est atteint……
OBSERVATION
- 38 années séparent la première crise de transe de la deuxième.
- La première fois, la même crise n’avait atteint qu’une seule personne, contrairement à nos jours où les victimes se comptent en série.
- Depuis 1995, ce phénomène est récurrent et frappe exclusivement des filles, contrairement au premier cas, qui eut pour victime un jeune homme.
- Ce phénomène frappe de manière arbitraire, sans distinction de localité, d’obédience religieuse des victimes encore moins de leur origine.
- Certains Établissements en ont subi plusieurs fois ;
- L’intervention des Prêtres, Pasteurs et Médecins, n’a depuis lors, jamais rien produit de spectaculaire, si ce n’est le statu quo.
- Les autorités Administratives et judiciaires, sans arguments convaincants, ont quelquefois « fabriqué » de toutes pièces et puni des boucs émissaires ;
- Au moment où ce phénomène devient diffus dans nos aires scolaires, l’opinion publique ne se rend pas compte du fait que, des victimes, toujours de sexe féminin, se comptent régulièrement au cours des cérémonies traditionnelles de part et d’autres du triangle national.
- Le public qui ergote avec un mélange de passion et de déraison, devrait savoir qu’au sein des Églises de Réveil le même phénomène de Transe est le spectacle le plus servi et le mieux applaudi.
ANALYSE :
- Ce qui précède tente de nous détourner des présomptions populaires qui font penser que les transes sont la résultante des phénomènes purement ou exclusivement ésotériques. D’ailleurs, si toute proportion gardée, la piste occulte ne saurait être complètement exclue, il va sans dire qu’elle ne devrait pas être citée au moindre cas. Pour autant que nous le constatons, l’incapacité plusieurs fois constatée des Pasteurs (réputés célèbres), Prêtres exorcistes et Médecins de maîtriser ce phénomène devrait nous apprendre que l’origine n’est pas toujours occulte, encore moins médicale. Il pourrait aussi avoir d’autres origines que nous avons le mérite d’explorer.
- Considérant les deux définitions de la transe susmentionnées, il nous semble aisé de comprendre que ce phénomène est plus en phase avec des réalités vécues dans notre société et au sein de nos familles respectives qu’à autres facteurs.
D’abord pourquoi la femme et presque pas des hommes au rang des victimes ?
Si l’on s’en tient aux propos du Professeur Jacques-Philippe TSALA TSALA, parus dans les colonnes de Cameroon Tribune du 25-10-2007, « la transe est un phénomène qui s’apparente à des cas d’hystérie mêlé aux convulsions ou de névroses phobiques. Il se dégage une contagion à partir d’un incident déclenché par un état émotionnel exceptionnel ou névrose sévère. C’est une maladie mentale qui affecte surtout les femmes ». Or, « hystérie » étymologiquement vient du mot grecque « utéros » qui renvoie à un organe féminin.
- Comment expliquer l’effet contagieux? Le Psychologue Jacques-Philippe TSALA TSALA nous donne un exemple « des gens qui se cognent involontairement les pieds pour accompagner le mouvement du tireur de ballon. », avant de rappeler que « la transe ici est une réaction avec le même comportement dans un état d’inconscience agissant dans le subconscient, ce qui ne permet pas de retracer le vécu pendant la période de la dite transe une fois le patient redevenu conscient. »
L’AIRE CULTURELLE, UN FLANC FERTILE DE L’ÉMERGENCE DU PHÉNOMÈNE DE TRANSE
Des raisons occultes avec incidence culturelle.
- Certains produits cosmétiques, appâts de jeunes filles sont généralement des supports des esprits inférieurs qui déambulent autour de nous. A force de les utiliser, de les inhaler, elles deviennent de véritables « hippodromes » de ces esprits malins qui nous tiennent captifs.
- Emmanuel ENI dans DÉLIVRE DES PUISSANCES DES TÉNÈBRES fait référence aux Établissements scolaires qui sont « des endroits de prédilection où le diable cherche à gagner les âmes et les filles sont les plus visées. »
- De bons payeurs, généralement en quête de célébrité ou de promotion sociale « exploitent » ces femmes assoiffées d’argent et de bijoux et les vident de toutes leurs substances.
De nos familles qui hébergent des germes de divisions et déceptions :
- Troubles conjugaux avec violences sur parents, font souffrir plus ou moins des enfants et les prédisposent aux crises d’hystéries dans un intervalle qui oscille entre 7, 14 ou 21 ans.
- Précarité et désespoir permanent ;
- La sorcellerie et ses affres, créent la panique et ouvrent la voie à la manifestation des crises.
Retour aux sources : Une nécessité….
- Constater que Médecins, Pasteurs et Prêtres ne parviennent pas à éradiquer le phénomène de Transe, au moment où de nombreux naturopathes africains en font leur spécialité, force à nous rappeler que l’Afrique a du potentiel inexploité et que l’heure est peut-être indiquée de reconsidérer les aspects positifs de nos rituels ancestraux..
- Parlant de démocratie, modèle importé avec comme l’une de ses exigences l’alternance, nous sommes en droit de penser qu’elle ne nous convient pas dans sa forme d’expression actuelle. Et si la tendance actuelle est à la non limitation des mandats de nos Chefs d’État et de plus en plus, à la transmission du pouvoir politique du père au fils, c’est comprendre que la gestion de ce pouvoir s’identifie progressivement à la logique de nos chefferies traditionnelles, avec des monarques qui dirigent à vie.
- La recrudescence des maladies iatrogènes (causées par nos soins médicaux) et la promotion tous azimuts de la médecine naturelle, donnent chaque jour le signal de ce que, la médecine occidentale est en train de franchir le seuil de ses limites. Auquel cas, il est de plus en plus urgent de puiser dans le réservoir de notre pharmacopée.
Kaizer Xamely